Port-Soudan, nouvelle cible des drones : la guerre change de visage
Depuis début mai 2025, Port-Soudan, ville stratégique sur la mer Rouge et siège provisoire du gouvernement soudanais, est devenue la cible de frappes de drones menées par les Forces de soutien rapide (FSR)138. Les attaques ont visé l’aéroport, une base militaire et, fait inédit, le principal dépôt pétrolier de la région, provoquant un incendie majeur et faisant planer la menace d’une catastrophe environnementale et logistique1. Le ministère de l’Énergie a dénoncé des « attaques terroristes » et s’inquiète de l’impact sur l’approvisionnement en carburant, vital pour la population et l’aide humanitaire.
Une ville-refuge sous pression : des centaines de milliers de déplacés en danger
Port-Soudan accueille aujourd’hui non seulement le gouvernement replié de Khartoum, mais aussi des agences de l’ONU et des centaines de milliers de déplacés venus fuir les combats dans la capitale et au Darfour12. La ville, autrefois relativement épargnée, est désormais au cœur du conflit, alors que les FSR multiplient les frappes pour déstabiliser le camp adverse. Les attaques sur des infrastructures civiles et logistiques aggravent la vulnérabilité des déplacés, déjà privés de ressources, d’accès à la santé et à l’eau potable5.
La crise humanitaire la plus grave au monde selon l’ONU
Après deux ans de guerre, le Soudan vit ce que l’ONU qualifie de « pire catastrophe humanitaire » actuelle : plus de 13 millions de personnes déplacées, 25 millions souffrant de la faim, et 30 millions nécessitant une aide humanitaire, dont la moitié sont des enfants. La situation à Port-Soudan illustre la détérioration rapide des conditions de vie dans le pays : les hôpitaux sont débordés, les réseaux d’eau et d’électricité endommagés, et l’accès à l’aide humanitaire est entravé par l’insécurité et les restrictions imposées par les belligérants5.
« Les parties belligérantes ne se contentent pas de ne pas protéger les civils, elles aggravent activement leurs souffrances. Où que l’on regarde au Soudan, les besoins sont écrasants, urgents et restent largement non couverts. »
- Médecins Sans Frontières5
Les enfants, premières victimes d’une guerre sans fin
La crise frappe de plein fouet les enfants : plus de 15 millions ont désormais besoin d’une aide humanitaire, contre 7,8 millions début 20236. Les violations graves à leur encontre ont été multipliées par dix en deux ans, tandis que la malnutrition aiguë atteint des niveaux records. Les écoles sont fermées, les campagnes de vaccination interrompues, et les épidémies de rougeole, choléra et diphtérie se propagent dans les camps de déplacés . L’UNICEF alerte sur le risque d’une génération sacrifiée si l’aide n’est pas massivement renforcée.
Les obstacles à l’action humanitaire : accès, sécurité, financement
L’insécurité généralisée, les attaques directes contre les structures de santé et le personnel humanitaire, et les restrictions de circulation imposées par les deux camps rendent l’action des ONG et des agences internationales extrêmement difficile5. Médecins Sans Frontières dénonce l’impossibilité d’acheminer du matériel médical et de garantir la sécurité de ses équipes, alors que la saison des pluies approche et que le risque d’épidémies augmente5.
Le financement international, déjà insuffisant, continue de baisser : l’UNICEF a lancé un appel de fonds d’un milliard de dollars pour 2025, mais peine à mobiliser les donateurs face à la multiplication des crises mondiales.

Port-Soudan : un enjeu stratégique et régional
Au-delà de la crise humanitaire, Port-Soudan revêt un enjeu stratégique majeur. Sa position sur la mer Rouge en fait un point névralgique pour les échanges commerciaux, l’acheminement de l’aide et la stabilité régionale. La déstabilisation de la ville menace non seulement le gouvernement soudanais, mais aussi la sécurité des routes maritimes et l’équilibre de toute la Corne de l’Afrique.
Quelles perspectives pour la population de Port-Soudan ?
Sans cessez-le-feu ni accès humanitaire garanti, la situation à Port-Soudan risque de s’aggraver encore dans les semaines à venir. L’ONU et les grandes ONG appellent à la protection des civils, à la levée immédiate des restrictions sur l’aide et à une mobilisation internationale d’urgence pour éviter une catastrophe d’ampleur historique45.
Conclusion
Port-Soudan, autrefois perçue comme un refuge, est désormais le symbole d’un Soudan en pleine désintégration. Les frappes de drones, la crise humanitaire et l’impasse politique font peser une menace existentielle sur des millions de civils. Seule une action coordonnée, rapide et massive de la communauté internationale pourra empêcher que la pire crise humanitaire du monde ne se transforme en tragédie irréversible.