Chapeau
La condamnation de Youssouf Boy, ancien directeur de cabinet du président tchadien, à cinq ans de prison pour corruption, marque une étape importante dans la lutte contre l’impunité au Tchad. Ce verdict, salué par certains comme un signal fort en faveur de la bonne gouvernance, suscite également des interrogations sur la portée réelle de la justice et sur la politisation des affaires judiciaires dans le pays.
Un procès emblématique dans un contexte de tensions politiques
Youssouf Boy, proche collaborateur de l’ancien président Idriss Déby et figure influente de la scène politique tchadienne, a été arrêté en 2024 dans le cadre d’une vaste enquête sur des détournements de fonds publics. Son procès, très médiatisé, a mis en lumière les pratiques de corruption au sein de l’appareil d’État et les difficultés de la justice à traiter des dossiers impliquant des personnalités de haut rang.
Le verdict, prononcé en mai 2025, condamne Youssouf Boy à cinq ans de prison ferme, assortis d’une amende et de la confiscation de plusieurs biens. La défense a dénoncé un procès politique, tandis que le parquet a salué une victoire pour l’État de droit.
La lutte contre la corruption, priorité affichée du gouvernement
Depuis la prise de pouvoir du Conseil militaire de transition en 2021, la lutte contre la corruption est érigée en priorité nationale. Plusieurs hauts fonctionnaires et responsables politiques ont été arrêtés, traduits en justice ou limogés. Les autorités affirment vouloir assainir la gestion publique, restaurer la confiance des citoyens et améliorer l’image du pays auprès des bailleurs internationaux.
Des réformes ont été engagées pour renforcer les mécanismes de contrôle, la transparence des marchés publics et l’indépendance de la justice. Toutefois, de nombreux observateurs pointent la persistance de réseaux d’influence et d’une culture de l’impunité difficile à éradiquer.

Réactions contrastées dans la société tchadienne
La condamnation de Youssouf Boy a suscité des réactions partagées. Pour certains, il s’agit d’une avancée majeure vers la fin de l’impunité et la promotion de la bonne gouvernance. Pour d’autres, ce procès illustre la tendance à instrumentaliser la justice à des fins politiques, notamment pour affaiblir des rivaux ou asseoir le pouvoir de la junte.
Sur les réseaux sociaux et dans la presse indépendante, le débat fait rage entre partisans d’une justice indépendante et critiques du système judiciaire, accusé de manquer d’autonomie face au pouvoir exécutif.
Défis et perspectives pour la justice tchadienne
La crédibilité de la justice tchadienne dépendra de sa capacité à poursuivre de manière impartiale les affaires de corruption, y compris au plus haut niveau de l’État. La réforme du secteur judiciaire, la protection des magistrats et l’accès à une défense équitable sont des enjeux majeurs pour garantir l’État de droit.
Les partenaires internationaux, notamment l’Union africaine et les Nations unies, encouragent le Tchad à poursuivre ses efforts en matière de gouvernance et de transparence, tout en veillant au respect des droits fondamentaux.
Conclusion
La condamnation de Youssouf Boy constitue un test pour la justice tchadienne et pour la lutte contre la corruption dans le pays. Au-delà du symbole, seule une justice indépendante et impartiale permettra de restaurer la confiance des citoyens et de jeter les bases d’une gouvernance responsable et transparente.