Introduction
À quelques semaines de la fête de la Tabaski, le Sénégal intensifie sa lutte contre le vol de bétail, un fléau qui menace la sécurité alimentaire, la stabilité sociale et l’économie rurale. La Tabaski (Aïd el-Kébir) est la plus grande fête musulmane du pays, marquée par le sacrifice rituel de milliers de moutons. Or, chaque année, à l’approche de cet événement, les vols de bétail se multiplient, suscitant l’inquiétude des éleveurs, des commerçants et des autorités. Cet article fait le point sur les mesures prises, les enjeux socio-économiques et les défis persistants.
Le poids du bétail dans la société sénégalaise
Le cheptel représente une richesse fondamentale pour les familles rurales sénégalaises. L’élevage est une activité économique majeure, générant des millions d’emplois directs et indirects. À l’approche de la Tabaski, la demande en moutons explose : on estime qu’en 2024, plus de 800 000 têtes ont été sacrifiées à travers le pays.
Le vol de bétail n’est pas seulement un délit économique ; il porte atteinte à la cohésion sociale, car il touche l’honneur des familles et peut provoquer des conflits intercommunautaires.
Une criminalité organisée et transfrontalière
Les réseaux de voleurs de bétail sont de plus en plus organisés, parfois armés, et opèrent à grande échelle dans les régions frontalières avec la Mauritanie, le Mali et la Gambie. Les animaux volés sont rapidement acheminés vers d’autres pays ou vendus sur les marchés clandestins.
Les éleveurs, souvent démunis face à cette criminalité, réclament une protection accrue et une justice plus efficace. Les forces de sécurité, quant à elles, peinent à couvrir l’ensemble du territoire, notamment dans les zones rurales reculées.
Les mesures prises par le gouvernement
Face à cette recrudescence, les autorités sénégalaises ont lancé une vaste opération de sécurisation :
- Renforcement des patrouilles mixtes (police, gendarmerie, douanes) dans les zones à risque.
- Installation de postes de contrôle sur les axes de transport du bétail.
- Sensibilisation des éleveurs à l’identification et au marquage des animaux.
- Mise en place de brigades spéciales et de numéros verts pour signaler les vols.

Le gouvernement a aussi annoncé des sanctions plus sévères contre les voleurs, avec des peines de prison ferme et la saisie des biens.
L’importance de la Tabaski
La Tabaski est un moment crucial pour l’économie nationale : le commerce du mouton génère des milliards de francs CFA et fait vivre des milliers de familles. Les marchés à bétail de Dakar, Thiès, Kaolack ou Saint-Louis sont en effervescence durant tout le mois précédant la fête.
Le vol de bétail, en plus d’appauvrir les éleveurs, risque de provoquer une hausse des prix et de priver de nombreux ménages de la possibilité de célébrer la Tabaski dans la dignité.
Les défis persistants
Malgré les efforts, les résultats restent mitigés. Les voleurs s’adaptent en utilisant de nouveaux itinéraires ou en corrompant certains agents. Les éleveurs réclament une meilleure indemnisation en cas de vol et une justice plus rapide.
Par ailleurs, la modernisation du secteur (traçabilité, puces électroniques, assurances) progresse lentement, faute de moyens et de formation.
Perspectives et recommandations
Pour éradiquer le vol de bétail, il faut renforcer la coopération régionale, investir dans la modernisation de l’élevage et sensibiliser les communautés à la solidarité et à la vigilance. Les autorités doivent aussi garantir l’accès à la justice et soutenir les victimes.
Conclusion
L’offensive contre le vol de bétail à l’approche de la Tabaski est un enjeu majeur pour la sécurité, l’économie et la paix sociale au Sénégal. La mobilisation de tous les acteurs, des éleveurs aux forces de l’ordre, est indispensable pour préserver une tradition essentielle et protéger les moyens de subsistance des familles rurales.