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Jordanie : La Jordanie interdit les activités des Frères musulmans, accusés de visées déstabilisatrices

par Africanova
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La Jordanie, pays clé du Moyen-Orient, a récemment pris une décision politique majeure en interdisant les activités des Frères musulmans sur son territoire, une organisation islamiste longtemps tolérée mais désormais accusée de visées déstabilisatrices. Cette mesure, annoncée par le gouvernement jordanien, reflète les tensions croissantes entre les autorités et un mouvement perçu comme une menace pour la stabilité intérieure et la sécurité nationale. Elle s’inscrit dans un contexte régional marqué par des recompositions politiques, des luttes d’influence et une volonté affirmée des États de renforcer leur contrôle face aux mouvements islamistes.

Les Frères musulmans, fondés en Égypte dans les années 1920, ont progressivement étendu leur influence dans plusieurs pays arabes, y compris en Jordanie où ils ont longtemps joué un rôle politique important. Leur branche jordanienne, bien que modérée comparée à d’autres, a participé à la vie politique à travers le parti islamiste « Mouvement du changement et de la réforme », obtenant régulièrement des sièges au Parlement. Leur discours mêle revendications sociales, religieuses et politiques, attirant un large électorat, notamment parmi les jeunes et les classes populaires.

Cependant, cette influence a toujours été source de méfiance pour la monarchie hachémite, qui gouverne la Jordanie depuis près d’un siècle. Le roi Abdallah II, soucieux de préserver la stabilité et l’ordre, a multiplié les mesures visant à limiter le pouvoir des Frères musulmans, les accusant de fomenter des divisions, de soutenir des groupes extrémistes et de menacer l’unité nationale. L’interdiction récente s’inscrit dans cette logique, justifiée officiellement par la nécessité de lutter contre le terrorisme et de protéger la sécurité intérieure.

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Cette décision a suscité des réactions contrastées. Pour les autorités jordaniennes, il s’agit d’un acte de souveraineté légitime, visant à préserver la paix sociale et à prévenir toute tentative de déstabilisation. Le gouvernement met en avant la nécessité d’unité nationale face aux défis économiques, sociaux et sécuritaires, notamment dans un contexte régional marqué par les conflits en Syrie, en Irak et en Palestine. Pour les opposants, cette interdiction est perçue comme une atteinte à la liberté d’expression et à la pluralité politique, renforçant le climat d’autoritarisme et de répression.

Sur le terrain, l’interdiction des Frères musulmans se traduit par des arrestations, des fermetures de centres culturels et religieux, et une surveillance accrue des militants. Plusieurs figures de l’organisation ont été mises en détention, tandis que leurs activités sociales et caritatives, longtemps tolérées, sont désormais interdites. Cette répression risque de radicaliser certains membres et de pousser le mouvement à se replier dans la clandestinité, avec des risques accrus pour la sécurité.

La société jordanienne est divisée sur cette question. Si une partie soutient la ligne dure du gouvernement, estimant que la stabilité prime sur les revendications politiques, d’autres regrettent la disparition d’un acteur politique structurant, capable de canaliser les aspirations populaires. Le débat sur la place de l’islam politique dans la vie publique reste vif, reflétant les tensions entre modernisation, tradition et autoritarisme.

Au-delà des frontières jordaniennes, cette décision s’inscrit dans une tendance régionale. Plusieurs pays arabes, notamment l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, ont adopté des positions similaires, cherchant à contenir l’influence des Frères musulmans et à renforcer les régimes en place face aux contestations. Cette dynamique reflète la recomposition des alliances et des rapports de force au Moyen-Orient, où la lutte contre l’islamisme politique est devenue un enjeu central.

La communauté internationale suit de près cette évolution. Les partenaires occidentaux de la Jordanie, qui soutiennent le pays sur les plans économique et sécuritaire, appellent au respect des droits humains et à la recherche de solutions politiques inclusives. Ils soulignent l’importance de préserver la stabilité dans une région fragile, tout en encourageant le dialogue entre les différentes composantes de la société jordanienne.

En conclusion, l’interdiction des activités des Frères musulmans en Jordanie marque une étape importante dans la gestion politique de l’islamisme dans le pays. Elle illustre les tensions entre sécurité et liberté, entre autoritarisme et pluralisme, qui traversent la région. La capacité du royaume hachémite à maintenir la paix sociale tout en ouvrant des espaces de dialogue et d’expression sera déterminante pour son avenir politique et sa stabilité.

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