Afrique de l’Ouest : Le terrorisme, défi majeur pour la stabilité et le développement régional
Ouagadougou, Bamako, Niamey, 23 avril 2025 –
L’Afrique de l’Ouest fait face à une montée sans précédent du terrorisme et de l’extrémisme violent, qui bouleverse l’équilibre politique, social et économique de la région. Les attaques djihadistes, initialement concentrées au Mali, au Burkina Faso et au Niger, s’étendent désormais vers le Bénin, le Togo et même le nord du Nigeria, créant une ceinture d’insécurité qui fragilise l’ensemble de la sous-région15.
Une insécurité galopante et des populations en détresse
Depuis 2015, le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont les épicentres de la crise sécuritaire. Les attaques terroristes y provoquent des déplacements massifs de populations : au Burkina Faso, plus de 2 millions de personnes sont désormais déplacées internes, contre moins de 50 000 en 20191. Les conséquences sur les secteurs essentiels sont dramatiques : près de 20 % des établissements de santé sont touchés, limitant l’accès aux soins pour 4 millions de personnes, et plus de 5 000 écoles sont fermées, privant près de 820 000 élèves d’éducation1.
Des transitions politiques fragilisées par la violence
La montée du terrorisme a accéléré la succession de coups d’État au Sahel. Les juntes militaires, désormais au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger, justifient leur prise de contrôle par la nécessité de restaurer la sécurité. Toutefois, la persistance des attaques et l’extension de la menace vers le sud révèlent les limites de la réponse militaire et la fragilité des transitions politiques59.
Des solutions endogènes en gestation
Face à l’échec relatif des stratégies internationales, les États de la région tentent de développer des solutions endogènes. L’Alliance des États du Sahel (AES), créée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, vise à mutualiser les efforts contre le terrorisme et à renforcer la résilience des populations168. Ces pays ont également annoncé la création d’une force conjointe de 5 000 hommes pour lutter contre les groupes djihadistes11.
Parallèlement, des plans de développement d’urgence sont mis en œuvre pour soutenir les populations du nord, renforcer les services sociaux et combler le vide laissé par l’État7. L’accent est mis sur la réhabilitation des écoles, l’accès à la santé et la relance économique, dans une approche intégrée de la sécurité et du développement.

La communauté internationale en retrait, la Russie en embuscade
La défiance envers les anciennes puissances coloniales, notamment la France, a conduit à une réduction de la coopération militaire et au renforcement des liens avec de nouveaux partenaires, dont la Russie et la Turquie1011. Moscou fournit désormais équipements militaires, conseillers et soutien logistique, dans une logique de diversification des alliances.
Perspectives et défis
La lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest est à un tournant. Si la coordination régionale s’améliore, la persistance de la violence, la fragilité des transitions politiques et la pauvreté structurelle restent des obstacles majeurs. La réussite des solutions endogènes dépendra de la capacité des États à rétablir la confiance, à renforcer la gouvernance et à garantir l’inclusion de toutes les composantes sociales.
Conclusion
L’Afrique de l’Ouest doit relever le défi du terrorisme par une approche globale, alliant sécurité, développement et gouvernance. L’avenir de la région dépendra de la capacité de ses dirigeants à innover, à coopérer et à restaurer la confiance des populations dans l’État.