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Santé numérique en Afrique : Entre drones sanitaires et souveraineté des données

par Africanova
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Kigali/Accra, 10 avril 2025 – Afrique accélère sa révolution numérique dans la santé, un enjeu crucial émerge : qui contrôle les données médicales de 1,4 milliard d’Africains ? Entre drones livreurs de médicaments et plateformes cloud étrangères, le continent navigue entre innovations salvifiques et dépendances technologiques à haut risque.

Les drones sanitaires, miracle logistique ou mirage néocolonial ?

Le Rwanda et le Ghana ont ouvert la voie avec Zipline, start-up américaine devenue incontournable :

  • 15 000 livraisons/mois de sang, vaccins et médicaments au Rwanda via des drones autonomes[^6].
  • Pandémie accélératrice : Au Ghana, Zipline a transporté 2,1 millions de doses de vaccins COVID-19 vers des zones reculées[^6].
  • Coûts opaques : Les contrats (non publics) avec les États africains suscitent des critiques sur les modèles extractifs : données collectées, monopole logistique[^6].

L’Ouganda innove localement :

  • Projet Lac Victoria : Des drones livrent des antirétroviraux à 1 000 patients VIH+ sur des îles isolées, réduisant les ruptures de traitement de 80 %[^4].
  • Résultats tangibles : Essai randomisé confirmant l’efficacité des drones pour la continuité thérapeutique[^4].

Les défis persistants :

  • Acceptation locale : À Madagascar, des campagnes de sensibilisation ont été nécessaires pour éviter que les drones ne soient perçus comme des « espions »[^2].
  • Maintenance : Les pièces détachées (batteries, capteurs) restent importées, grevant les budgets[^6].

Télémédecine et IA : L’essor contrarié des healthtech africaines

  1. Plateformes panafricaines :
  1. AfyaRekod (Kenya) : Dossiers médicaux blockchain pour 5 millions de patients, accessible hors ligne via SMS[^3].
  2. WellaHealth (Nigeria) : Assurance maladie micro-payante (1 $/mois) couvrant 200 000 patients via une appli[^5].
  1. Diagnostic assisté par IA :
  1. RadiologyAI (Afrique du Sud) : Détecte la tuberculose sur les radios pulmonaires avec 95 % de précision[^5].
  2. MalariaScope (Tanzanie) : Algorithmes de reconnaissance d’images pour identifier les parasites du paludisme[^5].

Le piège des données :

  • Hébergement offshore : 70 % des données médicales africaines sont stockées sur des serveurs AWS (États-Unis) ou Alibaba Cloud (Chine)[^3].
  • Panne révélatrice : Un pays africain (non nommé) a subi une paralysie de son système de santé pendant 48h à cause d’une panne cloud chez un fournisseur étranger[^3].

Souveraineté numérique : La bataille des data centers africains

Initiatives clés :

  • Africa Data Centres : 10 nouveaux data centers prévus d’ici 2026, dont un à Kigali dédié à la santé[^5].
  • Loi sénégalaise : Obligation d’héberger les données de santé nationales sur le territoire depuis 2024[^3].
  • Partnerships : Le Rwanda collabore avec la GIZ et l’UA pour créer une charte africaine des données médicales[^5].

Obstacles majeurs :

  • Coûts énergétiques : Un data center moyen consomme 30 MW, un défi dans des pays où les coupures sont fréquentes[^3].
  • Expertise technique : Seuls 12 % des ingénieurs cloud africains travaillent sur le continent[^3].

L’appel à projets ODESS 2025 : Financements et dilemmes

La Fondation Pierre Fabre a lancé en novembre 2024 un nouvel appel à projets « e-santé pour le Sud »[^1] :

  • Critères : Projets pilotes opérationnels, impact mesurable sur l’accès aux soins.
  • Bénéficiaires : 45 lauréats depuis 2018, dont MedTrucks (Maroc) pour des cliniques mobiles connectées[^1].
  • Débat : Les subventions internationales imposent-elles des standards technologiques occidentaux ?

Femmes et santé numérique : Le plafond de verre persistant

Le sommet Africa Health Tech Summit 2024 a révélé :

  • 5 % seulement des healthtech africaines sont dirigées par des femmes[^5].
  • Initiatives :
  • AWiDH : Réseau panafricain formant 1 000 femmes/an aux métiers de la santé digitale[^5].
  • Financing : Le fonds Femmes & Santé Numérique (UE/GIZ) alloue 50 millions d’euros à des projets portés par des femmes[^5].

Conclusion

La santé numérique africaine est à la croisée des chemins : drones libérateurs ou néocolonialisme technologiqueempowerment local ou exploitation data. Le salut viendra d’un modèle hybride combinant innovations frugales (SMS, blockchain) et infrastructures souveraines, sans reproduire les erreurs du secteur extractif.

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