Depuis plusieurs mois, le Ghana est le théâtre d’un mouvement citoyen important contre le phénomène du galamsey — l’orpaillage illégal qui ravage les territoires ruraux et menace à la fois l’économie officielle et l’environnement. Ce secteur informel, en pleine expansion, cristallise désormais frustrations sociales et inquiétudes écologiques, rassemblant une population déterminée à voir s’opérer un changement profond.
Le fléau du galamsey, entre économie informelle et désastre environnemental
Le galamsey désigne l’orpaillage artisanal non réglementé qui se pratique à grande échelle dans plusieurs régions minières du Ghana, souvent par de jeunes populations rurales confrontées à un chômage massif et à des privations économiques. Bien que générant des revenus substantiels pour des milliers d’orpailleurs, sa nature illégale provoque une dégradation accélérée des écosystèmes.
Pollution chimique des rivières, déforestation massive, disparition des terres agricoles cultivables sont autant de conséquences de ce phénomène. Ces impacts environnementaux menacent directement la sécurité alimentaire des communautés et fragilisent la biodiversité locale.
La mobilisation citoyenne et les revendications
Les protestations, parfois massives, mobilisent étudiants, agriculteurs, associations écologistes et leaders communautaires. Leur cri résonne dans tout le pays : l’inaction prolongée des autorités est dénoncée comme une complicité tacite avec des réseaux criminels et des intérêts étrangers.
La task force gouvernementale GOLDBOD, mise en place pour lutter contre le galamsey, est jugée insuffisante par une opinion publique exaspérée. Les opérations de répression ponctuelles et les expulsions d’étrangers impliqués – notamment les ressortissants chinois – n’ont pas freiné la progression de l’orpaillage illégal.
Enjeux économiques complexes
Le Ghana possède une économie minière formelle dynamique, qui alimente une part importante du PIB national et des exportations. Le galamsey, en dérobant une part significative de la production, crée une concurrence informelle déloyale et génère des pertes économiques considérables.
Par ailleurs, la main-d’œuvre souvent sous-payée du galamsey complique la montée en compétence du secteur minier officiel. La question économique est complexe, car il s’agit aussi d’une réponse sociétale à la pauvreté rurale et au manque d’alternatives d’emploi.

Vers une stratégie inclusive et durable
Les experts recommandent une stratégie combinant fermeté contre l’illégalité et accompagnement social : proposer aux orpailleurs des formations, la diversification des activités rurales, et l’accès facilité aux microcrédits. Ce volet développement durable est jugé indispensable pour une solution pérenne.
L’intensification de la sensibilisation à la protection environnementale et un renforcement des mécanismes de contrôle pourraient réduire les impacts destructeurs, mais la réussite passe principalement par une implication directe des communautés locales.