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Donald Trump et l’Afrique – Racisme ou stratégie particulière ?

par Africanova
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Depuis son entrée en politique internationale, Donald Trump a souvent suscité débats, polémiques et controverses, notamment avec sa posture face à l’Afrique. Entre accusations de racisme assumé et lectures plus nuancées de sa politique, il est essentiel de comprendre les enjeux réels et la stratégie déployée par Trump vis-à-vis du continent africain, notamment dans le cadre des intérêts américains géopolitiques et économiques.

Une relation marquée par la rupture et la personnalisation

La politique africaine de Donald Trump, tout au long de ses mandats et lors de sa réélection, a clairement rompu avec les approches multilatérales et volontaristes des administrations précédentes. Elle s’inscrit dans un paradigme centré sur le « America First » (l’Amérique d’abord), avec un recentrage marqué sur les intérêts économiques et sécuritaires américains. Ce recentrage s’accompagne d’un désengagement visible, avec la réduction drastique des aides internationales, notamment par la baisse des contributions à l’USAID, qui jouait un rôle important sur le continent.

Trump a privilégié un style de diplomatie personnalisée, parfois rude et directe, qui a généré de fortes tensions. Certaines de ses déclarations, qualifiées de racistes – notamment l’expression « shithole countries » pour désigner plusieurs pays africains – ont choqué la communauté internationale et les populations africaines. Ces propos, largement relayés, ont nourri la perception d’une Amérique désintéressée, voire hostile à l’égard de l’Afrique.

Racisme ou calcul stratégique ?

Si l’aspect raciste de certains propos ou attitudes ne peut être totalement écarté, plusieurs analystes soulignent que la politique africaine de Trump se limite pas à une simple hostilité fondée sur des préjugés. Elle s’apparente plutôt à une stratégie transactionnelle et protectionniste, où l’Afrique est essentiellement perçue comme un réservoir de ressources naturelles stratégiques et une zone géopolitique.

L’administration Trump a clairement favorisé la réduction du multilatéralisme, privilégiant des accords bilatéraux asymétriques qui maximisent les profits américains. L’Afrique est vue comme un marché, un fournisseur de matières premières (notamment lithium, cobalt, pétrole, terres rares) indispensables à l’industrie high-tech et à la défense américaine.

Politique commerciale et économique

Sur le plan commercial, l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) qui permettait un accès préférentiel au marché américain pour les exportations africaines, a été menacé puis laissé expirer en 2025. Cette décision a sérieusement affecté les exportations africaines vers les États-Unis, réduisant la coopération économique.

De plus, plusieurs États africains ont vu leurs droits de douane augmentés drastiquement, limitant la compétitivité de leurs produits. La stratégie américaine, cousue à l’aune d’un protectionnisme agressif inspiré par les conseillers de Trump, visait à reprendre la main face à la montée en puissance de la Chine, qui investit massivement sur le continent.

Sécurité et coopération militaire

Malgré la réduction de l’aide civile, l’administration Trump a renforcé ses partenariats militaires avec certains États africains considérés stratégiques dans la lutte contre le terrorisme et la piraterie maritime. Le commandement AFRICOM a vu son rôle amplifié dans des pays comme le Niger, le Mali ou Djibouti, alignant la présence américaine sur des objectifs sécuritaires ciblés plutôt que sur un développement global.

Cette militarisation ciblée reflète une vision limitée et utilitariste de la coopération africaine, sans investissements majeurs dans les infrastructures, la santé ou l’éducation.

Relations diplomatiques sélectives

Le management diplomatique de Donald Trump envers l’Afrique a été marqué par une forte personnalisation des relations et un désintérêt pour le continent comme bloc cohérent. Sa politique a favorisé des alliances avec des régimes autoritaires ou populistes partageant certaines valeurs conservatrices ou souverainistes.

Dans certains cas, comme avec le Maroc, l’administration Trump a renforcé les liens en appuyant la reconnaissance de la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental, offrant des opportunités d’investissements stratégiques.

Débats et conséquences en Afrique

Les réactions en Afrique ont été contrastées. Plusieurs dirigeants ont dénoncé la marginalisation américaine, regrettant une remise en cause des partenariats historiques. Pour d’autres, la posture de Trump traduit un réalignement géopolitique brutal mais calculé, et certains régimes ont trouvé un certain écho dans la vision souverainiste affichée.

Par ailleurs, l’influence croissante de la Chine, avec sa diplomatie économique pragmatique et ses investissements massifs, met l’Amérique face à un défi de taille.

Conclusion : une position ambiguë entre idéologie et pragmatisme

La politique africaine de Donald Trump ne se réduit ni à un simple racisme assumé ni à une indifférence totale. Elle traduit un mélange complexe de calculs stratégiques, économiques et idéologiques. Le continent africain souffre d’une marginalisation accrue sur l’agenda américain, mais il reste un enjeu capital dans la compétition mondiale entre grandes puissances.

Comprendre cette politique ambivalente est essentiel pour anticiper les futurs rapports entre l’Afrique et les États-Unis, et pour que le continent puisse, dans un contexte de recomposition géopolitique, défendre ses intérêts propres face aux grandes puissances.

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