Le 17 septembre 2025 marque une étape majeure dans l’enquête judiciaire sud-africaine sur les liens présumés entre responsables politiques et réseaux criminels, avec la mise en lumière par le général Nhlanhla Mkhwanazi d’accusations explosives visant le ministre de la Police, Senzo Mchunu. Ce dernier est suspecté d’avoir saboté plus de cent enquêtes policières sensibles, impliquant assassinats, trafic d’armes et corruption à grande échelle.
Le chef de la police régionale tire la sonnette d’alarme
Nhlanhla Mkhwanazi, chef de la police dans la province clé du KwaZulu-Natal, a joué un rôle décisif en révélant lors d’une conférence de presse en juillet des interférences politiques entravant la justice sud-africaine. Selon lui, Mchunu aurait ordonné le démantèlement d’une unité spéciale chargée d’enquêter sur les assassinats politiques, notamment dans les milieux du crime organisé liés à certains milieux politiques et économiques.
Le général a dénoncé l’influence d’un cartel criminel qui contrôle une partie du système judiciaire, y compris certains magistrats, procureurs et agents pénitentiaires.
Un système judiciaire en péril
Mkhwanazi a averti que la crédibilité et la capacité de la police à faire respecter la loi sont menacées d’effondrement si aucune réforme rapide n’est engagée. La capitale Pretoria a enregistré une baisse alarmante de la confiance des citoyens envers la justice et les forces de sécurité.
Il a déclaré publiquement : « Le système judiciaire est depuis longtemps victime de menaces et sabotages continus. Nous risquons un effondrement total si nous ne prenons pas des mesures adéquates rapidement. »
La position du ministre Mchunu
Le ministre Senzo Mchunu, âgé de 67 ans et figure influente de l’ANC, a rejeté ces accusations, les qualifiant de « sans fondement » et de « dangereuses ». Il a notamment dénoncé un complot politique visant à déstabiliser sa personne et à toucher son avenir politique, puisqu’il était envisagé comme un possible successeur au président Cyril Ramaphosa.
Mchunu a refusé de démissionner et attend le rapport officiel de la commission d’enquête, tout en soutenant son intégrité et celle de ses collaborateurs.
La commission d’enquête Madlanga
Pilotée par le magistrat Mbuyiseli Madlanga, la commission indépendante a commencé des auditions publiques, dont celle du général Mkhwanazi. La commission a six mois pour rédiger un rapport final, qui sera uniquement consultatif, la mise en œuvre des recommandations relevant de la décision du président Ramaphosa.

Cette indépendance relative suscite toutefois un scepticisme notable, certains observateurs doutant que les changements nécessaires aient vraiment lieu.
Implications politiques et sociales
Cette affaire révèle la profondeur de la crise politique qui mine l’Afrique du Sud, et expose les interconnexions toxiques entre pouvoir, crime organisé et corruption. La défiance croissante de la population envers les institutions pourrait alimenter des tensions sociales, aggravées par la montée de la criminalité violente dans plusieurs grandes villes du pays.
Perspectives à court terme
Un premier rapport d’étape est attendu d’ici trois mois, suivi d’un rapport final au terme de l’enquête. Le président Ramaphosa a promis un suivi rigoureux, conscient que la stabilité politique et sociale du pays dépend largement des résultats apportés dans cette affaire.