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Violence intercommunautaire dans le nord-ouest fait plus de 30 morts et 48 000 déplacés

par Africanova
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Le Ghana, souvent salué pour la stabilité de son modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, est confronté à une crise grave dans sa région des Savanes, au nord-ouest du pays. Depuis la fin du mois d’août 2025, des affrontements intercommunautaires meurtriers ont fait au moins 31 morts et provoqué le déplacement forcé de plus de 48 000 personnes, principalement des femmes, enfants et personnes âgées.

Origine du conflit : un différend foncier explosif

Au cœur de ces violences se trouve un conflit foncier opposant deux ethnies majeures de la région : les Brefors et les Gonjas. L’étincelle a été allumée par la vente contestée d’un terrain situé dans le village de Gbiniyiri, vendu à un promoteur privé par un chef local sans le consentement de la communauté afectée. La tentative d’accès au site par le promoteur a ravivé les tensions, entraînant notamment l’incendie du palais du chef concerné.

Ce différend foncier ancien s’inscrit dans un contexte où les terres agricoles sont des enjeux économiques et sociaux majeurs pour ces communautés vivant essentiellement de l’agriculture et de l’élevage.

Bilan humain et déplacement massif

Les affrontements violents qui ont suivi ont rapidement dégénéré, avec des armes blanches et des armes à feu utilisées. La police locale rapporte 23 victimes mortelles tandis que la Croix-Rouge ghanéenne avance un bilan de 34 morts, en plus de plusieurs disparus et blessés graves. Le conflit a aussi entrainé une destruction généralisée de biens et d’habitations.

Plus de 48 000 personnes, en grande partie des familles agricoles, ont dû fuir vers les villages frontaliers de la Côte d’Ivoire, où la population locale compense difficilement cet afflux soudain. Selon le ministère ivoirien de l’Intérieur, plus de 13 000 réfugiés ghanéens ont été recensés dans la région de Boukani, hébergés dans 17 villages.

Réactions des autorités et mesures d’urgence

En réaction, le ministre ghanéen de l’Intérieur, Alhaji Muntaka Mohamed-Mubarak, a déployé d’importants renforts militaires et policiers, avec plus de 700 effectifs engagés dans la région des Savanes. Un couvre-feu a été instauré pour tenter de contenir les tensions.

Le président John Dramani Mahama a souligné l’importance du dialogue et a mandaté une délégation mixte comprenant représentants de la sécurité régionale, chefs traditionnels et responsables locaux pour engager des pourparlers de paix. Un comité d’enquête officiel a été mis en place afin d’analyser les causes profondes et proposer des solutions durables.

Enjeux sécuritaires et risques de propagation

Si le calme semble revenir depuis plusieurs jours, les spécialistes du terrain mettent en garde contre une possible reprise des violences si les différends ne sont pas traités rapidement et efficacement. Les affrontements pourraient constituer un précédent dangereux dans une zone géographique où les communautés ethniques ont souvent des liens transfrontaliers étroits avec leurs voisins ivoiriens et burkinabés.

Des craintes sont également exprimées quant aux pénuries alimentaires dans la région, en raison du départ massif d’agriculteurs qui abandonnent leurs terres et leurs élevages.

Actions humanitaires et perspectives

Les organisations humanitaires, dont la Croix-Rouge, appellent à une aide urgente pour venir en aide aux déplacés, dénonçant des conditions de vie difficiles dans les camps provisoires, avec une pénurie d’eau potable et de soins médicaux. Les agences internationales suivent de près la situation et devraient intensifier leur présence dans les prochains jours.

Vers une réconciliation durable ?

Les efforts actuels se concentrent sur une réconciliation entre Brefors et Gonjas, autour d’un processus impliquant médiations traditionnelles et interventions étatiques. Cette crise souligne cependant la nécessité pour le Ghana et ses partenaires de renforcer la gouvernance foncière et d’améliorer la gestion des conflits locaux pour éviter que des tensions similaires ne dégénèrent à nouveau.

Le Ghana, souvent perçu comme un îlot de paix en Afrique de l’Ouest, voit sa stabilité mise à l’épreuve par ces événements, appelant à un accompagnement international et à des réformes profondes.

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