L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, a officiellement relancé sa candidature à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Longtemps freinée par l’instabilité politique interne et des réticences économiques, cette démarche traduit la volonté du Premier ministre Abiy Ahmed de repositionner Addis-Abeba comme puissance commerciale incontournable.
Une candidature ancienne relancée
L’Éthiopie avait déjà déposé une demande d’adhésion en 2003, mais le processus est resté au point mort pendant près de vingt ans, bloqué par des contraintes politiques et des choix protectionnistes. La décision d’Abiy Ahmed de relancer officiellement le processus marque un tournant stratégique dans la politique économique du pays.
L’ouverture économique comme choix politique
Depuis plusieurs années, Addis-Abeba a entrepris de libéraliser partiellement certains secteurs : télécommunications, énergie, infrastructures. La candidature à l’OMC s’inscrit dans ce mouvement, visant à attirer davantage d’investissements étrangers et à diversifier une économie encore dépendante de l’agriculture.
Les obstacles internes et externes
Cette candidature ne fait pas l’unanimité. Plusieurs syndicats dénoncent une dérégulation qui risque de fragiliser l’industrie locale et de nuire aux petits producteurs. Par ailleurs, certains partenaires internationaux craignent que les tensions persistantes au Tigré et dans l’Oromia compromettent la stabilité indispensable à une ouverture économique réussie.

Un enjeu diplomatique et continental
Pour Abiy Ahmed, le retour de l’Éthiopie dans les discussions internationales est aussi un outil diplomatique. Addis-Abeba accueille déjà le siège de l’Union africaine et se veut un leader du multilatéralisme africain. Son adhésion renforcerait la présence africaine au sein de l’OMC, où seuls 44 pays africains sont actuellement membres.
Un pari sur l’avenir
Le processus sera long et complexe, mais il illustre une vision de long terme : transformer l’Éthiopie en hub du commerce régional et mondial. Entre espoirs d’investissements et risques sociaux, la candidature à l’OMC devient un symbole : l’Afrique ne veut plus rester spectatrice de la mondialisation, mais un acteur affirmé dans sa gouvernance.