Onze ans après le départ du pouvoir de Jacob Zuma, ancien président de l’Afrique du Sud, la justice sud-africaine poursuit un des procès les plus emblématiques de l’histoire démocratique du pays. Consacré aux affaires de corruption liées aux “contrats d’armement”, ce procès illustre la lente, mais réelle, progression judiciaire contre les abus du pouvoir et les réseaux mafieux ayant marqué l’ère Zuma.
Un dossier emblématique de l’État capturé
Jacob Zuma reste accusé d’avoir entretenu des relations opaques avec des industriels étrangers dans les années 1990 et 2000, favorisant des marchés publics massifs en échange de pots-de-vin. Ces affaires ont forgé l’expression aujourd’hui tristement célèbre de “state capture” (captation de l’État), qui désigne le contrôle de pans entiers de l’économie et de la politique par des intérêts privés.
Des révélations étourdissantes
Le procès actuel met en lumière des millions de dollars détournés au détriment de l’État sud-africain. Les témoins décrivent un système sophistiqué de commissions occultes, organisées avec la complicité de grandes firmes étrangères de l’armement.
L’affaire implique non seulement Zuma mais aussi plusieurs entreprises et hauts fonctionnaires encore en fonction. Pour la société civile, il s’agit d’un moment clé : prouver que l’impunité des élites peut être remise en cause.
Une justice sous pression politique
Le président Cyril Ramaphosa, successeur et opposant à Zuma, a promis de “restaurer la confiance dans les institutions”. Mais le procès met à rude épreuve la justice sud-africaine. Le système judiciaire, souvent critiqué pour sa lenteur et ses contraintes logistiques, est observé de près par les médias et la population.
Les soutiens de Zuma dénoncent une “persécution politique” orchestrée par l’actuel pouvoir. Ils mobilisent régulièrement leurs partisans lors des audiences, transformant les tribunaux en arène politique.

Un enjeu démocratique pour la nation arc-en-ciel
L’Afrique du Sud, première puissance économique du continent, doit redorer son image. Le procès Zuma devient un test crucial : démontrer la capacité d’un pays africain à traiter judiciairement un ancien président sur des dossiers de corruption à grande échelle.
La relance de ce procès s’inscrit aussi dans une nouvelle vague mondiale plaidant pour davantage de responsabilité politique, face à une opinion publique lassée par les scandales.
Un signal pour le continent africain
Si la justice parvient à mener à bien ce procès et à condamner les responsables impliqués, ce sera un précédent en Afrique. Peu de pays ont réussi à juger efficacement leurs dirigeants sur des affaires de corruption majeure. L’issue renforcera ou affaiblira la crédibilité démocratique sud-africaine mais servira également de référence pour les autres États africains.