Le Sénégal connaît une nouvelle vague de mobilisation sociale. À Dakar et dans plusieurs grandes villes, des milliers de citoyens sont descendus dans les rues pour protester contre la flambée des prix des denrées alimentaires et des biens de première nécessité. Cette contestation, qui touche toutes les classes sociales, illustre le malaise grandissant face à un coût de la vie de plus en plus insoutenable et à une inflation qui grève sévèrement les budgets familiaux.
Une inflation record qui fragilise le pays
Depuis 2023, le Sénégal enregistre une inflation persistante alimentée par la hausse mondiale des prix du pétrole, des céréales et des engrais, accentuée par les tensions géopolitiques internationales. Selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), le pays a connu une inflation moyenne de 9% en 2024, un record depuis deux décennies. Les ménages constatent quotidiennement des hausses sur le riz, l’huile, le pain et le gaz de cuisine.
Les couches les plus pauvres sont les premières touchées, mais la classe moyenne, moteur traditionnel de la stabilité sociale et économique, commence également à exprimer un ras-le-bol visible.
Une mobilisation portée par la société civile
Les manifestations sont organisées par un large collectif de syndicats, d’associations de consommateurs et de mouvements citoyens. Leur mot d’ordre est clair : un plan d’urgence gouvernemental pour enrayer la flambée des prix et une meilleure régulation des marchés.
Le mouvement rappelle par certains aspects les mobilisations de 2012 et 2021 qui avaient secoué le pouvoir à la veille de grandes échéances électorales. Une inquiétude pèse donc sur le climat politique à quelques mois d’hypothétiques réformes institutionnelles.
La réponse politique jugée insuffisante
Face à la colère, le gouvernement a proposé un renforcement des subventions sur certains produits de base et une extension du programme national de bourses sociales. Mais pour les opposants, ces mesures sont temporaires et ne s’attaquent pas au problème structurel : la dépendance excessive aux importations alimentaires.
De nombreux économistes rappellent que le Sénégal importe plus de 80% de son riz, aliment de base. Une politique agricole plus volontariste serait nécessaire pour réduire la vulnérabilité face aux crises mondiales.
Une crise intérieure aux conséquences régionales
Le Sénégal, longtemps considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, voit son modèle fragilisé. Si les tensions sociales s’aggravent, elles pourraient influencer la politique régionale, dans une période où le Mali, le Burkina Faso et le Niger connaissent déjà des bouleversements majeurs.
Cette crise du coût de la vie pourrait donc devenir un test de résilience démocratique pour le pays.
