La relation économique entre la Chine et l’Afrique figure parmi les partenariats les plus dynamiques du XXIe siècle, avec une progression record des échanges commerciaux qui a marqué les huit premiers mois de 2025. Cette dynamique traduit non seulement une forte activité économique, mais soulève également des questions géopolitiques cruciales sur l’influence économique et stratégique dans le Sud global.
Selon les données officielles chinoises, la valeur des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a atteint 134,16 milliards de dollars au cours des cinq premiers mois de 2025, soit une augmentation de 12,4% par rapport à la même période de l’année précédente. Cette croissance effrénée confirme la position pérenne de Pékin comme principal partenaire commercial du continent africain, un rôle qu’elle détient depuis seize ans consécutifs.
La montée en puissance de ces flux commerciaux s’explique par une envolée des exportations chinoises vers l’Afrique, qui ont bondi de plus de 20%, atteignant 83,51 milliards de dollars. En parallèle, les importations chinoises en provenance d’Afrique ont cru de 1,6%, pour atteindre 50,65 milliards de dollars, conservant un déséquilibre structurel important. Ce déficit commercial africain auprès de la Chine s’élève ainsi à près de 33 milliards de dollars au cours de ce premier semestre.
La structure de ces échanges reste caractéristique : la Chine exporte essentiellement des biens manufacturés de haute technologie – machines, équipements électroniques, textiles – tandis que l’Afrique exporte principalement des matières premières extraites, notamment le pétrole brut, le cuivre, le cobalt, et le minerai de fer. Cette configuration alimente une dépendance africaine marquée aux matières premières, un sujet central dans les débats économiques et politiques.
En réponse, Pékin a multiplié les gestes tarifaires en supprimant les droits de douane pour 98% des produits importés issus de 21 pays africains, parmi lesquels figurent l’Éthiopie, le Rwanda et la Guinée. Depuis décembre 2024, les pays les moins avancés bénéficient quant à eux d’un traitement préférentiel total sur leurs exportations vers la Chine.
Sur le plan diplomatique, ces mesures s’inscrivent dans un cadre plus large visant à renforcer une « communauté de destin » Chine-Afrique. Ce concept politique, poussé par Xi Jinping, traduit une volonté d’approfondir non seulement les liens économiques, mais aussi la coopération politique et sécuritaire avec le continent.
Les enjeux sont multiples : le renforcement des infrastructures via la Belt and Road Initiative, la diversification progressive des échanges, la montée en puissance de secteurs comme l’agriculture bio ou les technologies vertes, mais aussi la gestion des risques liés à l’endettement des pays africains et à la protection de leur souveraineté économique.

Cette coopération sino-africaine trouve un point d’équilibre délicat, entre opportunités de développement et risques de dépendance, d’autant que les acteurs internationaux, notamment les États-Unis et l’Union européenne, observent ces évolutions avec vigilance et adaptent leurs stratégies en conséquence.
Pour les pays africains, la clé réside dans une négociation habile afin de maximiser les bénéfices économiques et sociaux, tout en assurant un contrôle accru de leurs ressources et une transition vers une économie plus diversifiée et durable.
À l’aube de la deuxième moitié de 2025, la relation Chine-Afrique s’affirme donc comme un pilier indiscutable des équilibres mondiaux, portant avec elle le défi de construire un partenariat équitable, innovant et respectueux des aspirations des populations africaines.