Introduction
La région sahélienne est de nouveau confrontée à une vague d’attaques djihadistes meurtrières. Ces deux dernières semaines, plusieurs localités à la frontière entre le Niger et le Burkina Faso ont été la cible de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Selon des sources sécuritaires, plus de 45 civils ont péri et des centaines de familles ont fui leurs villages. Le gouvernement nigérien, lui aussi issu d’un coup d’État militaire en 2023, se trouve confronté à une insécurité grandissante qui menace la stabilité de la transition.
Multiplication des attaques
Le 20 août, un convoi de commerçants a été attaqué près de Torodi, causant la mort de 19 personnes. Quelques jours plus tard, le village de Makalondi a subi un assaut armé ayant entraîné 26 morts supplémentaires, dont des femmes et des enfants. Tactiques classiques : embuscades, engins explosifs improvisés, violences ciblées contre les civils accusés de collaboration avec l’armée. Ces attaques s’ajoutent à une série d’opérations similaires menées depuis juillet, qui ont contraint des dizaines de milliers de personnes à rejoindre les camps de déplacés.
Une armée sous pression
Les forces de défense nigériennes affirment avoir lancé des contre-offensives, mais le terrain reste extrêmement difficile. «Les groupes terroristes opèrent dans une zone frontalière très boisée et difficile d’accès, parfois mieux connue par eux que par nos soldats», explique une source militaire. Malgré l’appui d’équipements livrés récemment par la Russie, l’armée peine à contenir l’expansion des violences.
Le Sahel, toujours épicentre de la crise djihadiste
Ces attaques rappellent que le Sahel central demeure l’un des foyers les plus actifs du terrorisme mondial. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso, désormais gouvernés par des régimes militaires et regroupés dans l’Alliance des États du Sahel (AES), affirment vouloir coordonner leurs efforts sécuritaires. Mais les résultats tardent à se faire sentir. Selon un rapport de l’ONU, plus de 12 000 morts ont été recensés dans cette zone en 2024, majoritairement des civils.

Les conséquences humanitaires
Au Niger, on compte déjà plus de 400 000 déplacés internes. Les affrontements obligent les populations rurales à abandonner leurs cultures et leur bétail, aggravant une insécurité alimentaire chronique. Les ONG humanitaires alertent sur «un risque de famine si les conditions ne s’améliorent pas d’ici la fin de l’année». Pour le HCR, «le déplacement répété des villages crée une spirale de vulnérabilité dont il est très difficile de sortir».
Conclusion
En pleine période de transition politique, le Niger fait face à une recrudescence violente des attaques djihadistes. Si le pouvoir militaire promet une «réponse ferme», la réalité sur le terrain montre un pays prisonnier d’une guerre asymétrique qui mine ses ressources et fragilise les populations civiles. Le Sahel s’enfonce un peu plus dans l’instabilité.