Introduction
L’Afrique du Sud, première puissance industrielle d’Afrique subsaharienne, traverse une crise énergétique chronique qui menace son avenir économique et social. La société publique Eskom, pilier du système électrique national, est au cœur de cette tempête. Entre coupures récurrentes d’électricité, dettes colossales et incapacité à moderniser ses infrastructures, l’avenir d’Eskom symbolise les défis structurels de la transition énergétique sud-africaine.
Les « load sheddings » : un frein à l’économie
Depuis plusieurs années, l’Afrique du Sud vit au rythme de coupures électriques massives appelées « load shedding ». Ces interruptions planifiées, parfois de plusieurs heures par jour, paralysent le secteur industriel, fragilisent les PME et exaspèrent la population. Selon les chiffres officiels, ces coupures ont coûté plusieurs milliards de rands à l’économie en 2024, accentuant le chômage et réduisant la croissance.
Les causes profondes de la crise
La situation d’Eskom ne résulte pas uniquement d’une mauvaise gestion conjoncturelle.
- De nombreuses centrales au charbon vieillissantes fonctionnent à faible rendement.
- La transition vers les énergies renouvelables reste trop lente, freinée par des intérêts politiques et économiques.
- La corruption et les scandales liés aux contrats publics ont encore entamé la crédibilité de l’entreprise.
Une transition énergétique sous contraintes
Le gouvernement sud-africain a promis une réforme structurelle, avec l’appui de bailleurs internationaux, pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Cependant, cette transition est délicate dans un pays dont 80% de l’électricité provient encore du charbon, et où les syndicats du secteur minier exercent une forte pression politique.

Eskom et le défi de la gouvernance
La réforme d’Eskom ne pourra réussir qu’avec une amélioration de la gouvernance interne et une lutte efficace contre la corruption. Les privatisations partielles ou partenariats public-privé sont évoqués comme pistes pour moderniser le système, mais suscitent de fortes résistances politiques, notamment auprès de l’ANC (Congrès National Africain), parti au pouvoir depuis 1994.
Conclusion
La crise énergétique sud-africaine est plus qu’un problème technique : elle révèle les tensions entre développement économique, justice sociale et transition écologique. Eskom se trouve à la croisée des chemins : réformer en profondeur ou plonger l’Afrique du Sud dans une crise encore plus profonde.