La Confédération des États du Sahel (CES), fruit de l’union du Burkina Faso, du Mali et du Niger, a franchi ses premières étapes concrètes vers son opérationnalisation. Issue de l’Alliance des États du Sahel (AES) fondée en septembre 2023, cette confédération aspire à devenir un bloc régional solide face aux défis sécuritaires et économiques du Sahel.
Une organisation d’intégration régionale novel
L’AES, née d’un pacte de défense mutuelle par les chefs d’État Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina) et Abdourahamane Tiani (Niger), fut initialement conçue pour faire face à l’insécurité grandissante. Le 6 juillet 2024 à Niamey, une phase nouvelle a été annoncée : la transformation de cette alliance en une confédération, dotée d’une structure institutionnelle et d’objectifs élargis.
Cette structure prévoit la création d’un Collège des Chefs d’État en guise d’organe suprême, chargé de définir la stratégie globale, de coordonner les politiques et de superviser la mise en œuvre des décisions. Ce collège devra se réunir régulièrement pour adapter son action aux évolutions politiques et sécuritaires régionales.
Gouvernance et piliers d’action
L’organisation s’articule autour de plusieurs piliers : défense et sécurité collective, développement économique et coopération diplomatique. Chaque État membre délègue des ministres spécialisés qui se réunissent fréquemment afin d’avancer sur les plans conjoints.
Depuis juillet 2025, un ministère de l’Économie et des Finances commun coordonne la gestion budgétaire et la mise en place d’une taxe confédérale destinée à financer les projets structurants. Une Banque d’investissement et de développement de la CES a été créée, dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA, pour impulser des initiatives dans les infrastructures, les transports, l’énergie et l’agriculture.
Les ministres de la Défense et de la Sécurité travaillent à consolider une force de défense intégrée, avec des corps d’élite formés à des opérations coordonnées, renforçant la capacité de la CES à agir face aux menaces djihadistes. Une charte de défense commune stipule qu’une attaque contre un État membre sera considérée comme une attaque contre l’ensemble de la Confédération.
Les défis à relever
Si la CES progresse vers son opérationnalisation, elle fait face à des défis nombreux. La diversité des situations politiques nationales, avec un pouvoir militaire aux pouvoirs encore fragiles, complexifie l’harmonisation des politiques. Les disparités économiques et sociales sont significatives, imposant des stratégies d’intégration ambitieuses mais pragmatiques.

Les relations avec la CEDEAO, désormais exclue de cette configuration, restent tendues, renforçant le risque de doublons institutionnels et de conflits de compétence. Par ailleurs, la nécessité de bâtir une Gouvernance démocratique inclusive se pose avec acuité pour garantir la pérennité de cette union.
Enjeux diplomatiques et partenariats
La CES cherche activement à diversifier ses partenariats internationaux. Elle s’est tournée vers des puissances comme la Chine et la Russie, qui proposent un soutien moins conditionné aux principes démocratiques occidentaux, mais aussi vers les Nations unies et l’Union africaine.
La Confédération espère bénéficier d’appuis financiers, techniques et logistiques qui l’aideront à relever les multiples défis du Sahel, en matière de sécurité, développement et cohésion sociale.
Conclusion
L’Alliance des États du Sahel est aujourd’hui en pleine phase de construction institutionnelle et stratégique. Son succès dépendra de la capacité des États membres à conjuguer ambitions souverainistes, solidarités régionales et engagement démocratique. Le Sahel attend des réponses efficaces, tant sur le plan sécuritaire que socio-économique, auxquelles cette nouvelle confédération devra répondre.