Le 22 août 2025, les dirigeants du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont officiellement proclamé la création de la Confédération des États du Sahel (CES), nouvelle organisation régionale née du retrait collectif des trois pays de la CEDEAO. Cette alliance marque une inflexion stratégique significative dans la gouvernance politique, économique et sécuritaire du Sahel.
Une réponse à la crise politique et sécuritaire
Face à la défiance envers la CEDEAO, accusée d’ingérence excessive et d’avoir imposé des sanctions punitives, les trois États ont choisi de fédérer leurs moyens dans un cadre plus resserré, ciblé sur leurs enjeux communs. Le Sahel, confronté à une crise sécuritaire grave avec la montée des groupes djihadistes, nécessite une coordination renforcée en matière de défense et d’actions militaires.
La CES projette ainsi de développer une coopération militaire intégrée, avec des centres de commandement conjoints, une stratégie partagée de lutte contre le terrorisme et une meilleure gestion des frontières.
Des ambitions économiques renforcées
Au-delà des aspects sécuritaires, la Confédération mise sur un grand projet de développement économique. La CES vise à favoriser la libre circulation, la création d’un marché commun sahélien et la mutualisation de ressources naturelles. Ces initiatives visent à réduire la dépendance économique vis-à-vis de puissances externes et à ancrer une croissance régionale durable.
Des investissements dans les infrastructures clés, telles que le transport, l’énergie et les technologies, sont prévus. La CES appelle également les partenaires internationaux à soutenir financièrement ce projet d’intégration sous-régionale, notamment la Banque mondiale, l’Union africaine et certains acteurs bilatéraux.
Un défi organisationnel et politique
Cependant, de multiples défis se profilent à l’horizon. La cohésion politique entre les dirigeants actuels, issus tous de régimes militaires en transition, reste fragile. La CES devra aussi surmonter les nombreuses disparités socio-économiques entre les pays membres et affronter la méfiance de certains voisins et acteurs régionaux.
L’organisation devra également définir un cadre démocratique inclusif pour légitimer sa gouvernance, condition sine qua non pour la stabilité à long terme.

Réactions régionales et internationales
La création de la CES a suscité des réactions contrastées. Les États membres de la CEDEAO ont exprimé leur regret, voyant leur organisation affaiblie face à cette sécession. Mais d’autres acteurs internationaux saluent cette nouvelle dynamique, estimant qu’elle pourrait représenter une alternative si elle parvient à stabiliser la région.
La France et l’Union européenne, partenaires historiques et financiers importants au Sahel, restent prudents mais ouverts à un dialogue avec la CES, à condition que celle-ci s’engage sur la voie du retour à l’ordre constitutionnel.
Conclusion
La naissance de la Confédération des États du Sahel incarne la volonté des pays sahéliens de prendre en main leur avenir, en réponse aux crises multidimensionnelles qui fragilisent la région. Cette initiative réinvente la coopération régionale africaine, entre autonomie politique et ambitions économiques. Son succès dépendra largement de la capacité des États membres à conjuguer sécurité, développement et gouvernance démocratique.