Depuis avril 2023, la région du Darfour Nord, au Soudan, est le théâtre d’un conflit violent opposant les Forces armées soudanaises (FAS) aux Forces de soutien rapide (FSR). Cette guerre civile a déjà provoqué le déplacement massif de centaines de milliers de personnes. Environ 330 000 déplacés internes se sont réfugiés récemment à Tawila, une localité du Darfour Nord, à environ 70 km d’El Fasher, la capitale régionale. Ces déplacés vivent dans des conditions extrêmement précaires, exacerbées par une crise sanitaire grave : une épidémie de choléra qui gangrène la région, touchant particulièrement les populations vulnérables dans les camps surpeuplés.
Le choléra, maladie diarrhéique aiguë causée par la bactérie Vibrio cholerae et transmise par l’eau et aliments contaminés, se propage rapidement parmi ces populations affaiblies. Selon les rapports des Nations Unies, près de 3 000 cas ont été déclarés à Tawila seulement, avec au moins 20 décès, dont beaucoup d’enfants. Au 30 juillet 2025, le Darfour comptait au total environ 2 140 cas recensés, et plus de 80 décès liés à cette épidémie. Le manque d’accès à l’eau potable, aux infrastructures sanitaires et aux soins médicaux contribue fortement à cette propagation.
La situation est aggravée par la saison des pluies qui approche, rendant les conditions insalubres dans les camps encore plus propices à la multiplication de la maladie. Les habitants, souvent contraints de vivre à la belle étoile ou dans des abris précaires, peinent à trouver eau potable et nourriture. L’afflux massif de déplacés a saturé les ressources locales déjà limitées.

L’UNICEF et ses partenaires humanitaires sont très mobilisés, ayant déjà déployé plus de 1,4 million de doses de vaccin oral contre le choléra et renforcé les centres de traitement dans la région. Toutefois, l’acheminement de l’aide reste compliqué par l’insécurité persistante due aux affrontements en cours. Les stocks de nourriture thérapeutique sont faibles et plusieurs infrastructures sanitaires ont dû fermer suite à la violence ou au manque de moyens.
Au-delà du danger sanitaire, la population est terrorisée par la violence armée. Les civils fuient constamment les attaques, avec des témoignages inquiétants de menaces proférées par des milices armées lors des déplacements. Selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), la situation demeure critique pour plus de 230 000 réfugiés à la frontière tchadienne. Ces derniers vivent dans des camps où l’épidémie s’est également propagée, avec plusieurs cas confirmés et des décès. Des mesures urgentes sont appelées pour améliorer l’accès à l’eau propre, l’assainissement et les soins médicaux, ainsi que la relocalisation des populations les plus exposées.
Cette crise humanitaire s’ajoute à la famine et à la violence endémique dans cette région reculée du Soudan, créant un cocktail dramatique qui menace les milliers de vies de déplacés. La communauté internationale est appelée à intensifier son soutien immédiat pour éviter que la catastrophe sanitaire ne se transforme en un désastre encore plus meurtrier.