Tel-Aviv –
Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés dans la soirée de samedi dans les rues de Tel-Aviv pour protester contre le plan du gouvernement israélien visant à prendre le contrôle total de la ville de Gaza. Ce mouvement social inédit depuis plusieurs années illustre la fracture croissante de la société israélienne face à la question palestinienne et aux choix stratégiques de l’exécutif.
Une marée humaine au cœur de Tel-Aviv
Dès la fin de journée, les principales artères de la ville se sont transformées en un immense cortège. Pancartes en main et drapeaux déployés, de simples citoyens, des associations pacifistes, d’anciens militaires et des figures politiques de l’opposition ont scandé des slogans en faveur d’un cessez-le-feu et contre « l’annexion de Gaza ».
« Ce n’est pas ainsi que l’on garantit notre sécurité », s’indigne Yael Ben-David, ancienne officier de Tsahal, venue manifester avec ses deux enfants.
Selon la police, près de 80 000 personnes ont participé à la mobilisation, un chiffre contesté par les organisateurs qui avancent le nombre de 120 000.
Un plan gouvernemental qui divise
Le plan, porté par le Premier ministre, prévoit une administration militaire renforcée et un redéploiement accru des forces de sécurité à Gaza. Objectif officiel : empêcher la reconstitution de réseaux armés et contrôler totalement les infrastructures stratégiques.
Les détracteurs y voient une annexion de facto, contraire au droit international et qui risque d’alimenter encore la violence.
La fracture politique et sociale en Israël
La société israélienne est déjà profondément divisée sur d’autres questions – réformes judiciaires, inégalités socio-économiques, place de la religion – et Gaza est venue cristalliser ces tensions.
Pour l’analyste Shlomo Avneri :
« Gaza agit comme un révélateur des divergences profondes : une partie de la population veut plus de sécurité, l’autre plus de diplomatie. »
Réaction internationale et régionale
Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont dénoncé un « projet d’occupation permanente ». À l’étranger, plusieurs chancelleries, dont Paris et Ottawa, ont appelé Israël à respecter ses obligations internationales.
Du côté palestinien, l’Autorité palestinienne parle d’« escalade grave » et demande une intervention du Conseil de sécurité de l’ONU.
Un mouvement appelé à durer ?
Les organisateurs prévoient de nouvelles manifestations dans les jours à venir. Certaines figures de l’opposition envisagent même un blocage symbolique des routes principales vers Jérusalem.
Conclusion
Cette mobilisation, la plus importante à Tel-Aviv depuis plusieurs années, montre que la question de Gaza n’est pas seulement un problème sécuritaire ou diplomatique, mais aussi une fracture intérieure majeure qui pourrait reconfigurer le paysage politique israélien.
