Plaque tournante stratégique entre la Corne de l’Afrique et la péninsule Arabique, Djibouti s’impose en 2025 comme un pilier sécuritaire du continent. À l’heure où la menace terroriste reste élevée – des groupes affiliés à Al-Shabaab et à l’État islamique réactivent des cellules dormantes dans la région –, le pays accélère ses réformes sécuritaires et multiplie ses efforts de coopération régionale. Zoom sur une transformation structurelle qui place Djibouti au cœur des initiatives africaines contre le terrorisme et pour la stabilité.
Les axes centraux des réformes sécuritaires
Conduit par le gouvernement du président Ismaïl Omar Guelleh, le plan « Sécurité 2030 » propose une modernisation profonde des forces de défense : renouvellement des équipements, création de brigades polyglottes, intégration de technologies de surveillance de pointe (drones, cyber-intelligence), et refonte de l’école militaire nationale avec des cursus axés sur la prévention de la radicalisation.
La réforme s’appuie aussi sur un volet de proximité, avec le déploiement de réseaux de renseignement communautaires, la formation de référents locaux, et une politique de dialogue renforcé avec les leaders religieux pour contrer les discours extrémistes.
Coopération internationale et rôle des bases étrangères
Djibouti héberge des bases militaires américaines, françaises, chinoises et japonaises, ce qui lui permet d’accéder à une assistance technique et à des échanges stratégiques sans équivalent en Afrique. Depuis mars 2025, la coopération régionale a été intensifiée avec l’Éthiopie, la Somalie, l’Érythrée et le Kenya afin de mutualiser les renseignements, organiser des manœuvres conjointes, et partager les meilleures pratiques en matière de lutte antiterroriste.
La plateforme INTERPOL de Djibouti, inaugurée début 2025, centralise la collecte de données sur la criminalité transfrontalière et la gestion des alertes sécuritaires, renforçant la réponse rapide en cas d’incident majeur.
L’impact pour la société civile et le développement
La jeunesse djiboutienne bénéficie des volets éducatifs et professionnels de la réforme, notamment à travers des programmes de sensibilisation à la citoyenneté numérique, de soutien à l’emploi et de médiation sociale dans les quartiers à risque. Les actions de lutte contre la corruption administrative et la sous-facturation douanière participent aussi à la restauration de la confiance envers l’appareil d’État.
Cependant, la militarisation accrue peut susciter des inquiétudes en termes de libertés publiques et de surveillance. Les ONG réclament un meilleur encadrement des opérations de contrôle pour éviter les bavures policières et renforcer l’État de droit dans un contexte sécuritaire.
Défis persistants et perspectives régionales
Le défi reste de maintenir l’équilibre entre fermeté sécuritaire et inclusion sociale, pour prévenir la radicalisation. Par ailleurs, la gestion des flux de réfugiés fuyant les conflits voisins (Somalie, Éthiopie) exige un renforcement durable des capacités d’accueil et d’intégration.
Djibouti, grâce à sa position géostratégique et à ses infrastructures portuaires de plus en plus modernes, est appelé à jouer un rôle pivot dans la stratégie africaine de contre-terrorisme et pour la stabilité économique transrégionale, tout en répondant aux attentes d’une population jeune assoiffée de sécurité et de progrès.
Conclusion
En 2025, Djibouti incarne l’exemplarité d’un État africain capable de conjuguer réforme endogène ambitieuse et coopération stratégique internationale. Sa capacité à garantir la sécurité sur ce corridor crucial aura des répercussions majeures sur la stabilité de la Corne de l’Afrique et au-delà.
