Introduction : Une rentrée 2025 sous haute tension
Alors que le Sénégal tente de positionner son système éducatif continentalement, la rentrée scolaire 2025 s’annonce agitée : une vaste réforme gouvernementale destinée à moderniser les programmes, numériser le suivi scolaire et réévaluer les conditions salariales du corps enseignant suscite une forte résistance syndicale et un débat national passionné. Les syndicats d’enseignants, appuyés par des collectifs d’élèves et de parents, menacent d’entrer dans un mouvement de grève inédit si leurs revendications ne sont pas entendues par le ministère de l’Éducation nationale.
La réforme au cœur des critiques
Le projet de réforme, officiellement adopté en juin 2025, a pour objectif principal de réviser le contenu des programmes afin de mieux intégrer les sciences, le numérique, l’apprentissage des langues nationales et des compétences transversales (travail en équipe, esprit d’analyse).
Il prévoit également la mise en œuvre d’un système numérique de gestion des effectifs, de suivi pédagogique et d’évaluation automatisée des enseignants.
Mais c’est surtout le volet financier qui cristallise la colère : la nouvelle grille salariale, initialement promise comme une revalorisation, s’avère dans certains cas moins avantageuse, notamment pour les enseignants contractuels ou en zones rurales.
Les syndicats haussent le ton
Dans un communiqué du 22 juillet, la Fédération des syndicats de l’enseignement du Sénégal (FEDES) dénonce une réforme « imposée sans réelle concertation », jugeant les mesures inadaptées aux réalités du terrain :
« Comment demander aux écoles rurales, sans connexion ni électricité fiable, d’appliquer un suivi numérique obligatoire ? »
Les syndicats réclament la suspension du calendrier de mise en œuvre et l’ouverture de véritables négociations tripartites (gouvernement, syndicats, parents).
Enseignants et société civile : entre colère et propositions
Face à l’inflexibilité du ministère, des assemblées générales se multiplient dans les académies de Dakar, Thiès, Saint-Louis, Ziguinchor. Dans plusieurs établissements, des enseignants évoquent déjà la possibilité d’une grève générale dès la rentrée, susceptibles de perturber gravement l’année scolaire.
Mais certains acteurs de la société civile appellent à la nuance : ils reconnaissent la nécessité d’une modernisation, mais plaident pour un accompagnement adapté, notamment en infrastructures, formation au numérique, et égalité d’accès pour tous les territoires.

Les enjeux d’une crise éducative en Afrique de l’Ouest
Le Sénégal, loué par ses voisins pour ses avancées en matière d’alphabétisation et d’ouverture internationale (notamment en mathématiques et en sciences), joue gros : un conflit prolongé risque d’entamer la confiance des bailleurs de fonds et de remettre en cause les progrès réalisés dans la scolarisation des filles ou l’intégration régionale.
Sous pression, le ministère de l’Éducation tente de rassurer, promettant une relecture partielle du texte et la création d’un fonds d’accompagnement pour les zones rurales les plus fragiles.
Conclusion
La bataille sur l’avenir de l’éducation sénégalaise révèle les tensions propres aux sociétés africaines en transition : comment concilier ambition modernisatrice, égalité territoriale et revalorisation des métiers de l’enseignement ? Les semaines à venir, entre bras de fer syndical et négociations gouvernementales, seront décisives pour l’avenir scolaire de toute une génération.