En Côte d’Ivoire, l’année 2025 marque un tournant pour le secteur financier et technologique : le mobile banking connaît une croissance fulgurante, bouleversant non seulement les usages bancaires traditionnels mais aussi l’ensemble de l’écosystème fintech local.
Une adoption massive et des chiffres records
Portée par la généralisation de la couverture 4G/5G sur tout le territoire ivoirien, l’utilisation des services bancaires via téléphone portable atteint de nouveaux sommets. Selon l’Association professionnelle des banques de Côte d’Ivoire, plus de 70 % de la population adulte effectue désormais ses opérations courantes via des applications et des solutions de paiement mobile : transferts d’argent, paiement de factures, micro-crédit, et même accès à la bourse.
La pandémie de Covid-19 avait déjà accéléré l’inclusion digitale, mais 2025 consacre l’essor d’acteurs locaux comme Wave, Orange Money ou MTN Mobile Money, qui rivalisent désormais avec les banques classiques. Les banques traditionnelles, loin de subir la concurrence, se lancent à leur tour dans le tout-mobile : applications fluides, crédit instantané, offres pour les jeunes entrepreneurs et partenariats avec des fintechs émergentes.
L’inclusion financière comme leitmotiv national
Au-delà du simple confort, la digitalisation des paiements constitue un levier essentiel d’inclusion financière. Pour la première fois, des segments de la population rurale, traditionnellement exclus du système bancaire, accèdent au crédit ou à l’épargne. Les groupements féminins, artisans et petits commerçants deviennent les premières cibles de nouveaux produits labellisés « inclusion », adaptés à la réalité ivoirienne.
Des start-up locales innovent aussi dans la blockchain, le paiement sans contact ou la finance islamique, faisant d’Abidjan l’un des hubs fintech du continent. L’État ivoirien, en partenariat avec la Banque Mondiale et l’AFD (Agence française de développement), investit massivement dans la cybersécurité et l’éducation numérique.
Risques, adaptation et régulation croissante
Avec le boom du mobile banking, de nouveaux défis émergent : cyber-fraudes, tensions sur les données personnelles, besoin de régulation adaptée. La Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) multiplie les campagnes de sensibilisation à la sécurité, tandis que les législateurs s’attèlent à la modernisation du cadre légal.
Parmi les réussites signalées, l’introduction des mini-crédits agricoles ou du paiement de prestations sociales par mobile banking ont permis de dynamiser des secteurs vitaux et de réduire l’économie informelle.
Vers une transformation durable du paysage bancaire africain ?
À Abidjan, la concurrence entre acteurs classiques et fintechs stimule innovation et qualité de service, au bénéfice d’une population de plus en plus connectée mais aussi exigeante. Pour de nombreux experts, le modèle ivoirien s’impose en exemple pour l’Afrique centrale et de l’Ouest, démontrant que l’innovation financière peut être au service du développement et de la résilience économique locale.
Les prochaines étapes : ouvrir davantage le marché, renforcer la protection des usagers et favoriser l’interopérabilité des plateformes. Dans les rues d’Abidjan, dans les villages baoulés et même à l’international, la success story du mobile banking ivoirien de 2025 dessine le véritable visage d’une Afrique moderne, connectée à l’économie mondiale tout en restant attachée à ses réalités locales.
