Le prestigieux Swahili International Film Festival (SIFF) a ouvert ses portes ce 16 juillet 2025 à Zanzibar, attirant cinéastes, critiques, étudiants en art et amateurs de culture de toute l’Afrique de l’Est et au-delà. L’édition de cette année, sous le thème « Images de résistance, voix d’avenir », met en lumière la montée d’un cinéma africain plus audacieux, ancré dans la réalité sociopolitique contemporaine, tout en vibrant de l’énergie créatrice des jeunes talents.
Dès la cérémonie d’ouverture au luxueux théâtre Old Fort, la centaine de films au programme témoigne d’une diversité de voix et de styles : documentaires engagés sur la préservation du littoral swahili, récits intimes de la jeunesse tanzanienne face à la mondialisation, fictions féministes et œuvres hybrides mêlant art vidéo, musique et animation. Cette diversité fait du SIFF un événement non seulement culturel mais aussi un forum de débats sur l’avenir du continent.
Un espace de renaissance culturelle pour la Tanzanie
La Tanzanie, longtemps absente des grands circuits cinématographiques mondiaux, parvient aujourd’hui à s’imposer comme une place forte du cinéma africain. Des réalisateurs tels que Nasreen Shaaban, Bernard Mapunda, et la jeune prodige Amina Mkomange sont à l’affiche et projettent leur pays sur la scène culturelle internationale.
Le SIFF accorde une large part aux voix féminines et à la diaspora, avec des cycles de projections consacrés aux cinéastes d’origine swahilie installés en Europe, aux Antilles ou au Moyen-Orient.
Ateliers, masterclass et diplomatie culturelle
En marge des projections, des ateliers de formation sont organisés : scénarisation, gestion de la production indépendante, stratégie de diffusion à l’ère numérique, rencontres avec les diffuseurs et plateformes SVOD. L’objectif affiché : former une génération de professionnels capables d’exporter le cinéma d’Afrique de l’Est hors des circuits traditionnels Nollywood-Gollywood.
Des diplomates de l’Union Africaine et de l’UNESCO participent à des tables rondes sur la diversité des expressions culturelles et la nécessité d’un soutien institutionnel face aux flux mainstream mondiaux.
L’État tanzanien, partenaire officiel du festival, entend faire du SIFF le socle d’une stratégie d’export culturel ambitieuse, articulée avec les politiques de tourisme haut de gamme de Zanzibar.
L’impact international du festival
Plusieurs œuvres présentées à Zanzibar sont pressenties pour des sélections à Venise, Berlin et Toronto, illustration de l’élan créatif actuel. La Tanzanie, tout en misant sur l’ouverture régionale (Kenya, Rwanda, Mozambique), insiste sur la préservation de la langue swahilie comme ciment identitaire.
La compétition est aussi une opportunité pour les jeunes Tanzaniens : la section « Écoles du film d’Afrique de l’Est » récompense les meilleures productions étudiantes, dont certaines abordent la crise climatique, la résilience des communautés côtières, l’éducation des jeunes filles ou les mobilisations citoyennes.
Les défis à relever
Si le SIFF s’affirme comme le rendez-vous du renouveau artistique, le secteur cinématographique tanzanien reste entravé par le manque d’infrastructures (salles de cinéma, studios professionnels), l’accès difficile aux financements et les craintes suscitées par la censure administrative. Pour les professionnels, la priorité demeure la formation, la régulation contre le piratage, la structuration d’un écosystème de production et l’accès à la coproduction internationale.
Perspectives
Zanzibar, porte culturelle sur l’océan Indien, affirme sa vocation à tisser les liens entre expressions africaines et mondialisées. Le festival, laboratoire d’idées, témoigne de la capacité du cinéma africain à raconter l’Afrique autrement, à construire ses récits et à influencer les futurs imaginaires collectifs.
Pari réussi pour le SIFF 2025 : inscrire la Tanzanie parmi les plaques tournantes mondiales de la création cinématographique, au service d’une Afrique moderne, fière et créative.
