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Mali : Le secteur privé, moteur de 60% des emplois nationaux, entre résilience et défis structurels

par Africanova
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Le Mali, pays sahélien au cœur de l’Afrique de l’Ouest, traverse une période charnière de son développement économique. Malgré un contexte politique et sécuritaire instable, le secteur privé malien s’impose comme le principal pourvoyeur d’emplois, représentant près de 60% des postes formels et informels du pays. Cette dynamique, souvent sous-estimée, révèle à la fois la vitalité entrepreneuriale malienne et les défis structurels qui freinent l’émergence d’une économie compétitive et inclusive.

La diversité du tissu entrepreneurial malien

Le secteur privé malien se caractérise par une grande diversité d’acteurs : micro-entreprises familiales, PME, grandes sociétés nationales et filiales de groupes internationaux. L’agriculture, l’agro-industrie, le commerce, les services et le bâtiment constituent les principaux pôles d’activité, avec une croissance soutenue dans l’agroalimentaire, la téléphonie mobile et le transport urbain. Les marchés de Bamako, Sikasso, Ségou et Kayes témoignent de cette vitalité, où l’innovation locale côtoie des pratiques commerciales traditionnelles.

Les femmes jouent un rôle central dans cette dynamique, en particulier dans le secteur informel où elles dominent la transformation agroalimentaire, la restauration et le petit commerce. Les jeunes, confrontés à un chômage élevé, se tournent de plus en plus vers l’auto-entrepreneuriat, portés par l’essor du numérique et des plateformes de microcrédit.

Les moteurs de la résilience économique

Plusieurs facteurs expliquent la résilience du secteur privé malien face aux chocs successifs :

  • Adaptabilité : Les entrepreneurs maliens savent ajuster rapidement leur offre et leurs circuits de distribution en fonction des aléas du marché et des crises sécuritaires.
  • Innovation sociale : L’émergence de coopératives, de groupements d’intérêt économique et de start-ups permet de mutualiser les risques et de créer de nouvelles opportunités d’affaires.
  • Soutien international : Les programmes de la Banque mondiale, de l’AFD, de la BAD et de l’Union européenne ont permis de financer des incubateurs, des formations et des infrastructures, facilitant l’accès au crédit et à l’accompagnement technique.

Les défis structurels persistants

Malgré ces atouts, le secteur privé malien fait face à des obstacles majeurs :

  • Insécurité et instabilité politique : Les attaques terroristes, les tensions intercommunautaires et les transitions gouvernementales freinent les investissements, perturbent les chaînes logistiques et limitent l’accès aux marchés ruraux.
  • Accès au financement : Les PME et TPE peinent à obtenir des crédits bancaires, faute de garanties suffisantes et de dispositifs adaptés à leur réalité.
  • Faiblesse des infrastructures : Le déficit en énergie, en routes et en TIC pèse lourdement sur la compétitivité des entreprises, surtout en dehors de Bamako.
  • Fiscalité et environnement réglementaire : La complexité des procédures administratives, la pression fiscale et la corruption découragent l’investissement formel et favorisent l’informel.

L’enjeu de la formalisation et de l’inclusion

La majorité des emplois créés par le secteur privé relèvent de l’économie informelle, avec des conditions de travail précaires, une absence de couverture sociale et une faible contribution fiscale. La formalisation progressive des entreprises, encouragée par l’État et les partenaires techniques, est perçue comme une priorité pour élargir l’assiette fiscale, améliorer la protection des travailleurs et renforcer la compétitivité nationale.

Des initiatives telles que la création de guichets uniques, la digitalisation des démarches administratives et la simplification des régimes fiscaux commencent à porter leurs fruits, même si leur impact reste limité par la lenteur des réformes et la méfiance d’une partie des entrepreneurs.

Perspectives et stratégies pour l’avenir

Pour transformer le secteur privé en véritable moteur de croissance inclusive, le Mali devra :

  • Investir massivement dans l’éducation, la formation professionnelle et l’innovation technologique.
  • Renforcer l’accès au financement, notamment pour les femmes et les jeunes entrepreneurs.
  • Améliorer la gouvernance économique, la sécurité et la stabilité politique.
  • Développer des filières à haute valeur ajoutée (transformation agricole, énergies renouvelables, TIC).

La réussite de ces réformes conditionnera la capacité du pays à absorber la croissance démographique, à réduire la pauvreté et à offrir des perspectives à une jeunesse nombreuse et ambitieuse.

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