Harare –
Le Zimbabwe, longtemps confronté à des crises alimentaires et à l’effondrement de son secteur agricole, connaît une véritable renaissance grâce à l’essor de l’agriculture numérique. Portée par une nouvelle génération d’agriculteurs, de startups et d’investisseurs, cette révolution technologique transforme les pratiques agricoles, améliore les rendements et ouvre de nouvelles perspectives économiques pour le pays.
Une agriculture en crise, un secteur en mutation
Pendant plus de deux décennies, le Zimbabwe a souffert de politiques agraires controversées, de sécheresses récurrentes et de sanctions internationales. Résultat : une chute dramatique de la production, une insécurité alimentaire chronique et une dépendance accrue aux importations. Mais depuis 2022, le pays s’est engagé dans une stratégie de relance axée sur l’innovation, la formation et la digitalisation.
L’émergence de l’agriculture numérique
L’agriculture numérique, ou « smart farming », s’appuie sur l’utilisation de technologies telles que les applications mobiles, les drones, les capteurs connectés, l’intelligence artificielle et la blockchain. Au Zimbabwe, plusieurs startups se sont lancées dans la création de plateformes qui permettent aux agriculteurs d’accéder à des prévisions météo précises, des conseils agronomiques personnalisés, des marchés en ligne et des outils de gestion des cultures.
Des applications comme eMkambo ou AgriShare facilitent la location de matériel agricole, la vente directe de produits et la gestion des stocks. Les drones sont utilisés pour surveiller l’état des plantations, détecter les maladies et optimiser l’irrigation, tandis que les capteurs connectés permettent de suivre en temps réel l’humidité du sol et la croissance des cultures.
Un impact concret sur les rendements et les revenus
Selon le ministère zimbabwéen de l’Agriculture, l’adoption de solutions numériques a permis d’augmenter les rendements de certaines cultures de plus de 30% en trois ans. Les petits exploitants, qui représentent la majorité des agriculteurs, bénéficient d’un meilleur accès à l’information, aux financements et aux marchés, ce qui améliore leurs revenus et leur résilience face aux aléas climatiques.
L’agriculture numérique favorise également l’inclusion des femmes et des jeunes, souvent exclus des circuits traditionnels. Des programmes de formation et d’incubation encouragent l’entrepreneuriat rural et la création de nouvelles entreprises agricoles.
Les défis de la transformation digitale
Malgré ces progrès, des obstacles subsistent : couverture internet inégale, coût élevé des équipements, manque de formation technique et accès limité au crédit pour les petits exploitants. Le gouvernement, en partenariat avec des bailleurs internationaux, investit dans le développement des infrastructures numériques et la vulgarisation des technologies auprès des communautés rurales.
Vers une agriculture durable et compétitive
L’agriculture numérique contribue à une gestion plus durable des ressources naturelles : optimisation de l’irrigation, réduction des intrants chimiques, préservation de la biodiversité. Elle permet aussi au Zimbabwe de mieux s’intégrer dans les chaînes de valeur régionales et d’exporter davantage de produits agricoles transformés.
Perspectives
Le Zimbabwe, en misant sur l’innovation et la digitalisation, pourrait redevenir le « grenier de l’Afrique australe ». Si les défis d’accès et de formation sont relevés, l’agriculture numérique ouvrira la voie à une croissance inclusive, durable et compétitive pour tout le pays.
