Le braconnage des éléphants pour l’ivoire reste l’une des plus grandes menaces pour la faune africaine. Malgré des décennies d’efforts de conservation, les réseaux criminels continuent de prospérer, alimentant un trafic international qui décime les populations d’éléphants. Mais une nouvelle avancée scientifique, développée en 2025 par une équipe internationale de chercheurs et de conservationnistes africains, pourrait changer la donne : une méthode innovante d’identification de l’ivoire permettant de remonter jusqu’à la source du braconnage.
Un fléau persistant malgré les efforts
Chaque année, des milliers d’éléphants sont tués illégalement à travers l’Afrique, principalement pour alimenter la demande asiatique en ivoire. Les pertes sont particulièrement lourdes en Afrique centrale et de l’Est, où certains parcs nationaux ont vu leurs populations d’éléphants chuter de plus de 60 % en une décennie. Les braconniers, souvent lourdement armés, opèrent en réseaux organisés, profitant de la corruption et des failles dans la surveillance des frontières.
Les gouvernements africains, appuyés par des ONG et des agences internationales comme INTERPOL et TRAFFIC, multiplient les opérations anti-braconnage, mais les saisies d’ivoire restent fréquentes dans les ports et aéroports du continent. La difficulté majeure réside dans l’identification de l’origine de l’ivoire, un facteur clé pour remonter les filières criminelles et cibler les zones les plus vulnérables.
Une percée scientifique majeure
En 2025, une équipe dirigée par le Dr. Amina Diop, biologiste sénégalaise, a dévoilé une méthode basée sur l’analyse isotopique et génétique de l’ivoire. Cette technique permet de déterminer avec une précision inédite la provenance géographique d’une défense d’éléphant, en croisant les données ADN de l’animal avec les signatures chimiques du sol où il a vécu.
Concrètement, chaque région d’Afrique possède un « profil isotopique » unique, lié à la composition de ses sols et à la végétation locale. En analysant un fragment d’ivoire, les chercheurs peuvent ainsi savoir si l’éléphant provient du parc national de Garamba en RDC, du delta de l’Okavango au Botswana, ou de la savane kényane. L’ajout de l’empreinte génétique permet d’affiner encore la localisation, parfois jusqu’à une zone de quelques kilomètres carrés.
Des applications concrètes pour la lutte anti-braconnage
Cette avancée technologique est déjà utilisée dans plusieurs enquêtes majeures. En avril 2025, une saisie d’ivoire à Douala, au Cameroun, a permis d’identifier que la majorité des défenses provenaient du sud-est de la Centrafrique, une région où les groupes armés sont particulièrement actifs. Grâce à ces informations, les autorités centrafricaines et camerounaises ont pu renforcer la surveillance dans les zones concernées et démanteler un réseau de trafiquants.
Les ONG de protection de la faune saluent cette innovation comme un « game changer » : « Pour la première fois, nous pouvons relier une saisie d’ivoire à un site précis de braconnage, ce qui permet d’orienter les efforts de conservation et de poursuites judiciaires », explique John Mboya, coordinateur régional de TRAFFIC.
Un outil au service de la justice et de la coopération internationale
Au-delà de la conservation, cette méthode offre un nouvel outil aux autorités judiciaires et policières. Les preuves scientifiques issues de l’analyse de l’ivoire sont recevables devant les tribunaux, ce qui facilite la condamnation des trafiquants et la coopération entre pays africains. L’Union africaine encourage désormais tous ses membres à adopter cette technologie et à partager les bases de données génétiques et isotopiques.

Des formations sont organisées pour les douaniers, les policiers et les magistrats, afin de renforcer les capacités locales. L’objectif est de créer un réseau panafricain d’experts capables de réagir rapidement en cas de saisie et de remonter efficacement les filières criminelles.
Des défis à relever pour une adoption à grande échelle
Si la méthode est prometteuse, son déploiement à grande échelle nécessite des investissements : laboratoires équipés, formation du personnel, collecte systématique d’échantillons sur le terrain. Plusieurs pays africains, dont le Kenya, la Tanzanie et le Gabon, ont déjà commencé à intégrer cette technologie dans leurs stratégies nationales de lutte contre le braconnage.
Le financement international, notamment via le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et les partenariats public-privé, sera essentiel pour assurer la pérennité du dispositif. Les experts insistent aussi sur la nécessité d’impliquer les communautés locales, premières victimes du braconnage, dans la surveillance et la protection des éléphants.
Un espoir pour l’avenir des éléphants africains
La nouvelle méthode d’identification de l’ivoire représente un espoir concret pour l’avenir des éléphants d’Afrique. En permettant de cibler les zones à risque, de renforcer la justice et de démanteler les réseaux criminels, elle pourrait inverser la tendance et offrir aux générations futures la chance de voir ces géants continuer à peupler les savanes et forêts du continent.