L’annonce du rétablissement des procès militaires pour les civils en Ouganda a provoqué une onde de choc dans le pays et au-delà de ses frontières. Cette mesure, présentée par le gouvernement comme une réponse à la montée de l’insécurité et du terrorisme, est perçue par de nombreux observateurs comme une régression majeure pour l’État de droit et les libertés fondamentales dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Un retour en arrière pour la justice ougandaise
Jusqu’en 2021, les tribunaux militaires étaient régulièrement utilisés pour juger des civils accusés d’infractions liées à la sécurité nationale. Sous la pression des organisations de défense des droits humains et de la communauté internationale, le gouvernement avait mis fin à cette pratique, jugée contraire à la Constitution et aux engagements internationaux de l’Ouganda.
Le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de quarante ans, justifie ce revirement par la nécessité de lutter contre la criminalité organisée et le terrorisme. Mais pour la société civile, il s’agit avant tout d’un outil de répression politique, visant à museler l’opposition et à intimider les voix dissidentes.
Des procès expéditifs et contestés
Les procès militaires pour les civils sont critiqués pour leur manque de transparence, l’absence de garanties procédurales et la sévérité des peines prononcées. Les accusés, souvent privés d’avocats indépendants et jugés dans des conditions opaques, sont exposés à des condamnations lourdes, parfois à la peine de mort.
Plusieurs cas récents, impliquant des militants de l’opposition et des journalistes, ont relancé le débat sur la légitimité de ces tribunaux. Les ONG locales dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques, et appellent à un retour à la primauté du droit civil.

La communauté internationale s’inquiète
L’Union africaine, l’Union européenne et les Nations unies ont exprimé leur « profonde préoccupation » face à cette évolution, rappelant que le respect de l’État de droit est un pilier essentiel de la démocratie et de la stabilité en Afrique de l’Est. Des sanctions ciblées contre certains hauts responsables ougandais sont à l’étude, tandis que les bailleurs de fonds internationaux menacent de suspendre leur aide.
Analyse : un test pour la démocratie ougandaise
Le retour des procès militaires pour les civils met en lumière les fragilités de la démocratie ougandaise, minée par la personnalisation du pouvoir, la répression de l’opposition et la faiblesse des contre-pouvoirs institutionnels. Pour les défenseurs des droits humains, la priorité doit être donnée à la réforme de la justice, à l’indépendance des magistrats et à la protection des libertés publiques.
Le risque, selon plusieurs analystes, est de voir l’Ouganda s’enfoncer dans une spirale autoritaire, au détriment de la stabilité et du développement. La mobilisation de la société civile et la pression internationale seront déterminantes pour inverser la tendance.
Conclusion
Le rétablissement des procès militaires pour les civils en Ouganda constitue un signal d’alarme pour l’ensemble du continent africain. Il rappelle l’importance de la vigilance et de l’engagement en faveur de l’État de droit, condition sine qua non d’une démocratie authentique et d’un développement durable.