La scène médiatique burundaise a vécu une période de tension extrême lors du double scrutin législatif et communal du 5 juin 2025. Plusieurs médias indépendants ont été mis sous cloche par le pouvoir, illustrant la fragilité de la liberté de la presse dans ce pays d’Afrique de l’Est. Cette situation, loin d’être inédite, interroge sur la capacité du Burundi à garantir un débat démocratique pluraliste dans un contexte de compétition électorale.

Des médias muselés, une information sous contrôle
À l’approche des élections, les autorités ont multiplié les mesures restrictives : suspension de radios, blocage de sites d’information, intimidations contre les journalistes. Les principaux organes indépendants ont été contraints de réduire leur couverture ou de diffuser sous pseudonyme. Les journalistes locaux dénoncent un climat de peur, marqué par la surveillance, les menaces de poursuites et l’autocensure.
Le rôle central des réseaux sociaux
Face à la censure, de nombreux Burundais se sont tournés vers les réseaux sociaux pour s’informer et débattre. WhatsApp, Facebook et Telegram sont devenus des espaces de contournement, où circulent rumeurs, témoignages et analyses alternatives. Mais cette migration numérique comporte ses propres risques : désinformation, manipulation et surveillance accrue des internautes par les autorités.
Un scrutin sous haute tension
Le double scrutin s’est déroulé dans un climat de méfiance généralisée. Les observateurs internationaux, peu nombreux, ont relevé des irrégularités et des entraves à la liberté d’expression. L’opposition dénonce un processus biaisé, tandis que le pouvoir met en avant la stabilité et la souveraineté nationale. Les journalistes étrangers ont eu un accès limité, rendant difficile la vérification indépendante des résultats et des incidents signalés.
Conséquences pour la démocratie burundaise
La mise sous cloche des médias fragilise la confiance dans le processus électoral. Les citoyens, privés d’une information pluraliste, peinent à se forger une opinion éclairée. Les ONG de défense de la presse appellent à la levée des restrictions et à la protection des journalistes, condition essentielle pour un débat démocratique sain.
Vers une recomposition du paysage médiatique ?
Malgré la répression, certains médias burundais cherchent à innover : recours à la presse en ligne, partenariats avec des radios communautaires, formation à la vérification des faits. Ces initiatives témoignent de la résilience du secteur et de la volonté de maintenir un espace d’expression, même restreint.