La transition énergétique en Afrique du Sud : un enjeu national et continental
La question de la transition énergétique est devenue centrale en Afrique du Sud, pays à la fois moteur industriel du continent et confronté à une crise énergétique chronique. Le Mining Indaba, le plus grand forum africain consacré aux industries extractives, s’est tenu en mai 2025 au Cap dans un contexte d’urgence : délestages à répétition, dépendance au charbon, pression internationale pour une décarbonation rapide. Mais cette édition a été marquée par l’émergence de voix alternatives, qui proposent un modèle de transition adapté aux réalités africaines.
Le poids du charbon et l’héritage historique
L’Afrique du Sud tire encore plus de 80 % de son électricité du charbon, une ressource abondante mais extrêmement polluante. Cette dépendance est héritée de l’ère apartheid, où le charbon a servi à bâtir une économie industrielle tournée vers l’exportation. Aujourd’hui, Eskom, le géant public de l’électricité, peine à assurer la fourniture continue d’énergie, entraînant des coupures massives (load shedding) qui affectent ménages, entreprises et services publics.
La pression internationale s’accentue : bailleurs de fonds, investisseurs et partenaires commerciaux exigent un virage vers les énergies renouvelables. Mais la transition est complexe : elle implique des choix politiques, économiques et sociaux majeurs pour un pays où le secteur minier reste l’un des premiers employeurs.
Le Mining Indaba 2025 : un forum d’idées et de controverses
Le Mining Indaba 2025 a réuni des milliers d’acteurs : industriels, gouvernements, ONG, chercheurs, investisseurs. Si la plupart des débats ont porté sur la nécessité d’accélérer la transition vers le solaire, l’éolien et l’hydrogène vert, plusieurs intervenants ont plaidé pour une approche pragmatique et inclusive.
Des voix issues de la société civile, des syndicats et des communautés minières ont souligné les risques sociaux d’une transition trop rapide : pertes d’emplois massives, marginalisation des régions minières, aggravation des inégalités. Ils appellent à une « transition juste », qui prenne en compte la reconversion des travailleurs, la diversification économique et la participation des populations locales.
Les alternatives africaines : innovation et souveraineté
Plusieurs initiatives innovantes ont été présentées lors du forum :
- Micro-réseaux solaires dans les zones rurales, portés par des start-up locales, permettant l’accès à l’électricité hors réseau ;
- Projets d’hydrogène vert dans le Northern Cape, avec des partenariats public-privé pour exporter de l’énergie propre vers l’Europe et l’Asie ;
- Valorisation du gaz naturel comme énergie de transition, pour réduire progressivement la part du charbon tout en assurant la sécurité énergétique.
Les experts insistent sur la nécessité de développer une industrie locale des énergies renouvelables, afin de créer des emplois qualifiés et de réduire la dépendance technologique vis-à-vis de l’étranger.

Les défis de la gouvernance et du financement
La réussite de la transition énergétique sud-africaine dépendra de la capacité à mobiliser des financements massifs, publics et privés. Le gouvernement a annoncé un plan d’investissement de 30 milliards de dollars sur dix ans, mais les retards administratifs, la corruption et l’instabilité politique freinent la mise en œuvre.
La question de la gouvernance est centrale : comment garantir la transparence, l’inclusion des communautés affectées et la répartition équitable des bénéfices ? Les ONG réclament la création d’un fonds souverain dédié à la transition, alimenté par les recettes minières et géré de façon indépendante.
L’Afrique du Sud, laboratoire de la transition africaine ?
L’expérience sud-africaine est suivie de près par les autres pays africains, eux aussi confrontés au dilemme entre développement industriel et impératifs climatiques. Le Mining Indaba 2025 a montré que la transition énergétique ne saurait être un copier-coller des modèles européens ou asiatiques : elle doit être pensée à partir des réalités locales, des ressources disponibles et des aspirations des populations.
Conclusion
La transition énergétique sud-africaine, loin d’être un long fleuve tranquille, est un terrain de débats, d’innovations et de résistances. Les voix alternatives entendues au Mining Indaba rappellent qu’il n’y aura pas de transition réussie sans justice sociale, souveraineté économique et participation citoyenne.
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