Le Zimbabwe fait face à une nouvelle crise sanitaire d’ampleur avec la propagation rapide de l’épidémie de choléra, qui touche désormais huit districts à travers le pays. Cette résurgence, la plus grave depuis plusieurs années, met à rude épreuve un système de santé déjà fragilisé par des décennies de sous-investissement, de pénuries structurelles et d’instabilité économique. Au-delà de l’urgence médicale, la situation révèle l’ampleur des défis sanitaires, sociaux et politiques auxquels le Zimbabwe doit faire face en 2025.
Une épidémie hors de contrôle
Depuis le début de l’année, les autorités sanitaires zimbabwéennes ont recensé plusieurs milliers de cas suspects, dont des centaines confirmés, avec un taux de mortalité préoccupant dans les zones rurales et périurbaines. Les districts de Harare, Chitungwiza, Buhera, Gutu, Bikita, Chiredzi, Mutare et Chipinge sont particulièrement touchés. Les hôpitaux et centres de santé, débordés, peinent à faire face à l’afflux de patients, tandis que les stocks de solutions de réhydratation et d’antibiotiques s’amenuisent rapidement.
La propagation du choléra est favorisée par la défaillance des infrastructures d’eau potable et d’assainissement, l’insalubrité croissante dans les quartiers défavorisés et la saison des pluies, qui multiplie les risques de contamination. Les écoles et marchés, souvent dépourvus de points d’eau sécurisés, deviennent des foyers de transmission majeurs.
Réponse gouvernementale et mobilisation internationale
Face à l’urgence, le ministère de la Santé a déclaré l’état d’alerte dans les districts concernés, mobilisant des équipes de surveillance épidémiologique, des campagnes de vaccination et des distributions de kits d’hygiène. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et plusieurs ONG internationales, dont Médecins Sans Frontières, appuient les efforts locaux par l’envoi de matériel médical, le renforcement de la sensibilisation communautaire et la formation du personnel soignant.
Cependant, la réactivité des autorités reste entravée par des contraintes budgétaires, des grèves récurrentes du personnel de santé et des difficultés logistiques pour atteindre les zones les plus isolées. Les appels à la solidarité internationale se multiplient, alors que la crainte d’une extension de l’épidémie aux pays voisins grandit.
Un révélateur des faiblesses structurelles du système de santé
La crise du choléra met en lumière les failles profondes du système de santé zimbabwéen : manque d’investissements dans les infrastructures, exode massif des professionnels de santé, corruption endémique et gestion défaillante des ressources publiques. Les populations les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées, sont les premières victimes de cette fragilité structurelle.
Les experts soulignent l’urgence de réformer en profondeur le secteur de la santé, de renforcer la prévention et l’éducation sanitaire, et d’améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. À moyen terme, la lutte contre les épidémies passera par une meilleure gouvernance, une décentralisation des services et une implication accrue des communautés locales.
Perspectives et enjeux pour l’avenir
Si la mobilisation actuelle permet d’espérer un ralentissement de la propagation du choléra, le Zimbabwe devra tirer les leçons de cette crise pour éviter la répétition de telles catastrophes sanitaires. L’investissement dans la santé publique, la transparence de la gestion des fonds et la coopération régionale seront déterminants pour bâtir un système résilient, capable de protéger efficacement la population face aux menaces épidémiques récurrentes.