Introduction
Le 28 avril 2025 marque une étape majeure dans la coopération économique et diplomatique entre le Vietnam et le Japon. Les deux pays ont signé à Hanoï un accord stratégique visant à renforcer la résilience et la sécurité des chaînes d’approvisionnement mondiales, dans un contexte de tensions commerciales croissantes et de bouleversements géopolitiques. Cet accord, salué par la communauté internationale, positionne le Vietnam comme un acteur clé de l’Asie du Sud-Est et confirme le leadership technologique et industriel du Japon dans la région.
Un contexte mondial sous tension
Depuis la pandémie de Covid-19, les chaînes d’approvisionnement mondiales ont été mises à rude épreuve. La fermeture temporaire de ports, les pénuries de composants électroniques, la hausse des coûts logistiques et les tensions commerciales entre les grandes puissances ont révélé la vulnérabilité d’un système fondé sur la mondialisation et la spécialisation extrême. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, le retour du protectionnisme et les incertitudes politiques en Europe ont accentué la nécessité, pour les entreprises et les États, de diversifier leurs sources d’approvisionnement et de renforcer leur autonomie stratégique.
Dans ce contexte, le Vietnam s’est imposé comme une alternative attractive à la Chine pour de nombreuses industries, notamment l’électronique, le textile, l’automobile et l’agroalimentaire. Le pays bénéficie d’une main-d’œuvre qualifiée, de coûts compétitifs, d’une stabilité politique relative et d’une ouverture croissante aux investissements étrangers. Le Japon, de son côté, cherche à sécuriser ses approvisionnements en matières premières, composants et produits finis, tout en développant des partenariats technologiques et industriels avec des pays partageant ses valeurs et ses intérêts stratégiques.
Les termes de l’accord
L’accord signé à Hanoï prévoit plusieurs volets majeurs :
1. Diversification des chaînes d’approvisionnement
Le Vietnam et le Japon s’engagent à encourager les entreprises à diversifier leurs sites de production et leurs fournisseurs, afin de réduire les risques liés à la concentration géographique. Des incitations fiscales, des facilités administratives et des programmes de soutien à l’investissement sont prévus pour les entreprises japonaises souhaitant s’implanter ou renforcer leur présence au Vietnam.
2. Coopération technologique et innovation
Les deux pays vont développer des partenariats dans les domaines de la haute technologie, de l’intelligence artificielle, de la robotique, de la cybersécurité et de la transition énergétique. Des centres de recherche conjoints seront créés à Hanoï, Ho Chi Minh Ville et Tokyo, avec la participation d’universités, de start-ups et de grands groupes industriels.
3. Sécurité logistique et infrastructures
L’accord prévoit des investissements conjoints dans les infrastructures portuaires, ferroviaires et logistiques, afin de fluidifier les échanges et de limiter les ruptures d’approvisionnement. Le port de Hai Phong, au nord du Vietnam, bénéficiera d’un financement japonais pour moderniser ses terminaux et renforcer sa capacité de traitement des conteneurs.
4. Formation et mobilité des talents
Un volet important concerne la formation professionnelle et la mobilité des travailleurs qualifiés. Des programmes d’échange, des bourses et des stages seront proposés aux étudiants et ingénieurs vietnamiens et japonais, pour favoriser le transfert de compétences et l’innovation collaborative.
Les enjeux économiques et géopolitiques
Cet accord s’inscrit dans une stratégie plus large de « dé-risking » (réduction des risques) adoptée par de nombreux pays face à l’incertitude mondiale. Pour le Japon, il s’agit de réduire sa dépendance à la Chine, tout en consolidant sa position de leader technologique en Asie. Pour le Vietnam, c’est l’occasion d’attirer des investissements de qualité, de monter en gamme dans la chaîne de valeur et de renforcer son rôle sur la scène régionale et internationale.
Les experts estiment que la coopération Vietnam-Japon pourrait servir de modèle à d’autres pays émergents, désireux de sécuriser leurs approvisionnements tout en développant des partenariats équilibrés avec les grandes économies. L’Union européenne, les États-Unis et l’Australie suivent de près cette dynamique, dans l’optique de diversifier eux aussi leurs chaînes d’approvisionnement et de limiter les risques de dépendance.
Réactions internationales
La signature de l’accord a été saluée par la communauté internationale. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) y voit un exemple de coopération constructive face aux défis de la mondialisation. Les milieux d’affaires, notamment dans l’électronique, l’automobile et la logistique, se félicitent de la perspective d’un environnement plus stable et prévisible pour leurs activités.
En Chine, l’initiative est perçue avec prudence. Pékin redoute une marginalisation progressive de ses entreprises dans certaines filières stratégiques, mais rappelle l’importance de la coopération régionale pour la stabilité économique de l’Asie.
Les défis à relever
Malgré ses ambitions, l’accord Vietnam-Japon devra surmonter plusieurs obstacles :
- La concurrence d’autres pays émergents, comme l’Indonésie, la Thaïlande ou l’Inde, qui cherchent eux aussi à attirer les investissements japonais.
- Les risques liés à la cybersécurité, à la propriété intellectuelle et à la protection des données dans un contexte d’innovation rapide.
- Les enjeux sociaux et environnementaux, notamment la gestion des ressources naturelles, la réduction de l’empreinte carbone et l’inclusion des populations locales dans les bénéfices du développement.
Les deux gouvernements ont annoncé la mise en place d’un comité de suivi, chargé d’évaluer les progrès et d’ajuster les politiques en fonction des défis rencontrés.
Conclusion
L’accord stratégique signé entre le Vietnam et le Japon pour sécuriser les chaînes d’approvisionnement mondiales marque un tournant dans la géopolitique économique de l’Asie. Il témoigne de la capacité des pays à coopérer face aux incertitudes et à inventer de nouveaux modèles de développement, fondés sur l’innovation, la diversification et la solidarité. À l’heure où le monde cherche à bâtir des économies plus résilientes et inclusives, l’exemple vietnamien et japonais ouvre la voie à une nouvelle ère de partenariats stratégiques.