Union africaine – débat intense sur la réforme du Conseil de paix et de sécurité

La réforme du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) est redevenue un sujet brûlant à Addis-Abeba, siège panafricain. Alors que le continent traverse une période marquée par des coups d’État, des insurrections armées et une instabilité croissante au Sahel, les États membres débattent de l’avenir d’une institution clé mais souvent critiquée pour son inefficacité et ses lourdeurs bureaucratiques.

Une institution née des ambitions

Créé en 2004 sur le modèle du Conseil de sécurité de l’ONU, le CPS était censé incarner la capacité des Africains à “prendre en main leur sécurité collective”. Il dispose théoriquement de prérogatives d’intervention militaire face aux conflits majeurs, de missions de médiation, et de mécanismes d’alerte rapide.

Mais vingt ans plus tard, il souffre d’un déficit d’efficacité flagrant. Au Mali, en Centrafrique, en Somalie ou encore au Soudan, l’UA a peiné à peser réellement, laissant aux Nations unies ou à des puissances extérieures (France, États-Unis, Russie, Turquie) l’initiative militaire et diplomatique.

Le besoin d’une réforme structurelle

Les débats portent aujourd’hui sur plusieurs points cruciaux :

  • le mode de financement, largement dépendant des bailleurs extérieurs ;
  • la capacité de réaction rapide, indispensable dans un contexte où les insurrections progressent vite ;
  • le processus de décision, souvent bloqué par des rivalités politiques entre grands États africains.

Certains pays, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, plaident pour un renforcement budgétaire et militaire massif. D’autres, comme l’Égypte et l’Algérie, insistent sur un rôle plus politique que strictement militaire.

Les pressions internationales

L’Union européenne et les Nations unies mettent également la pression pour une réforme du CPS. Face aux échecs répétés des interventions extérieures, les bailleurs estiment que l’Afrique doit prendre ses responsabilités. Le financement des missions africaines dépend actuellement à 70% de fonds extérieurs, un déséquilibre jugé insoutenable.

Vers une armée africaine unifiée ?

L’une des pistes avancées est la création, enfin opérationnelle, d’une force africaine en attente, prévue depuis 2003 mais restée lettre morte. Selon plusieurs experts militaires, cette force pourrait apporter une réponse rapide dans des zones comme le Sahel, où les coups d’État et l’expansion djihadiste déstabilisent la région.

En parallèle, le Maroc et l’Éthiopie proposent une mutualisation des industries de défense africaines pour ne plus dépendre uniquement des importations d’armes.

Un test crucial pour l’avenir panafricain

La réforme du CPS n’est pas seulement institutionnelle : elle incarne le choix de l’Afrique entre souveraineté renforcée ou dépendance prolongée. Le prochain sommet de l’UA promet donc d’être un moment clé pour déterminer si, vingt ans après sa création, le CPS peut enfin devenir une véritable autorité géopolitique.

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