Une avancée scientifique majeure en Afrique du Nord
Le 27 mai 2025, le Centre de Biotechnologie de Sfax (CBS), en Tunisie, a annoncé la découverte d’une nouvelle molécule prometteuse dans la lutte contre la drépanocytose. Cette maladie génétique, qui touche principalement les populations d’Afrique subsaharienne et du bassin méditerranéen, est un véritable fléau sanitaire : elle affecte la forme des globules rouges, provoquant douleurs, anémies sévères, infections et complications organiques. La découverte tunisienne, saluée par la communauté scientifique internationale, ouvre la voie à de nouveaux traitements plus efficaces et mieux adaptés aux réalités africaines.
Les faits : une molécule innovante issue de la biodiversité tunisienne
L’équipe du Dr. Amira Ben Salah, biologiste moléculaire au CBS, a isolé une molécule baptisée « Sfaxamine » à partir d’une plante endémique du sud tunisien. Après plusieurs années de recherches, les essais in vitro ont montré que la Sfaxamine stabilise la forme des globules rouges et réduit la fréquence des crises douloureuses chez les modèles animaux. Les premiers essais cliniques sur des volontaires tunisiens et ivoiriens, menés en partenariat avec l’Institut Pasteur d’Abidjan, affichent des résultats encourageants : diminution de 40 % des hospitalisations et amélioration nette de la qualité de vie des patients.
Un enjeu de santé publique pour l’Afrique
La drépanocytose touche environ 300 000 enfants chaque année sur le continent africain, dont près de la moitié ne survivent pas au-delà de cinq ans faute de diagnostic et de prise en charge adaptée. Les traitements actuels, comme l’hydroxyurée, sont coûteux, parfois difficiles à obtenir, et présentent des effets secondaires. La Sfaxamine, issue de la pharmacopée locale, offre l’espoir d’un médicament abordable, accessible et mieux toléré.
Le ministère tunisien de la Santé a déjà lancé un plan de production pilote, avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de bailleurs africains. L’objectif est de déposer un dossier d’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’ici 2026 et de lancer une production à grande échelle pour approvisionner les pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest.
Les réactions de la communauté scientifique
La découverte a été saluée par de nombreux chercheurs africains et internationaux. Le Pr. Jean-Baptiste Koffi, hématologue à Abidjan, estime que « la Sfaxamine pourrait révolutionner la prise en charge de la drépanocytose, en particulier dans les zones rurales où l’accès aux traitements modernes est limité ». Des congrès scientifiques, comme le prochain African Hematology Congress à Dakar, prévoient de consacrer des sessions spéciales à cette innovation.
Les défis à relever
Malgré l’enthousiasme, plusieurs défis restent à surmonter : validation des essais cliniques à grande échelle, obtention des autorisations réglementaires, sécurisation de la chaîne d’approvisionnement en matière première, et formation des professionnels de santé à l’utilisation du nouveau traitement. Les ONG appellent à une coopération renforcée entre les pays africains pour mutualiser les ressources et accélérer l’accès au médicament.
Un modèle pour la recherche africaine
La réussite du CBS illustre le potentiel de la recherche biomédicale africaine, souvent sous-estimée. Elle montre que l’innovation locale, appuyée par des partenariats internationaux et des financements publics, peut répondre aux besoins spécifiques du continent. Le gouvernement tunisien, qui a investi dans la formation, l’équipement et la coopération scientifique, espère faire de la Tunisie un pôle d’excellence en biotechnologie médicale.
Conclusion
La découverte de la Sfaxamine par un laboratoire tunisien est une lueur d’espoir pour des millions de patients africains atteints de drépanocytose. Elle rappelle l’importance de la recherche locale, de la valorisation de la biodiversité et de la solidarité scientifique entre pays du Sud. Si les essais cliniques sont confirmés, la Sfaxamine pourrait devenir le premier médicament africain à changer la donne dans la lutte contre une maladie longtemps négligée.