La Tunisie, souvent citée comme un modèle de transition démocratique en Afrique du Nord, traverse une crise complexe où les libertés civiles sont de plus en plus restreintes. Alors que le pays s’ouvre aux touristes avec ses plages méditerranéennes et ses sites historiques, il ferme progressivement les espaces de liberté d’expression, créant un climat de tension sociale. Cet article explore les paradoxes de cette situation, les défis économiques et les enjeux politiques qui façonnent le visage de la Tunisie en 2025.
Un tourisme en pleine croissance
La Tunisie a connu une reprise touristique notable en 2024, avec plus de 9 millions de visiteurs, principalement issus de l’Europe et du Maghreb. Les plages de Hammamet, les ruines de Carthage et l’île de Djerba sont autant d’attractions qui attirent les amateurs de soleil et d’histoire. Le gouvernement a investi dans la rénovation des infrastructures hôtelières et la promotion des circuits culturels pour diversifier l’offre touristique.
Cependant, cette croissance se heurte à des défis structurels :
- Infrastructures vieillissantes : Bien que rénovées, certaines zones touristiques souffrent encore d’un manque d’investissements dans les transports et les services publics.
- Sécurité : Les attentats terroristes, bien que rares, maintiennent une vigilance accrue parmi les touristes et les autorités locales.
Restrictions sur la liberté d’expression
Depuis 2021, la Tunisie a connu une dérive autoritaire avec le président Kais Saied, qui a suspendu le Parlement et concentré les pouvoirs exécutifs. Cette centralisation du pouvoir s’est accompagnée de mesures restrictives sur la liberté d’expression :
- Lois répressives : Des journalistes et des opposants politiques sont poursuivis pour « diffamation » ou « atteinte à la sécurité nationale ».
- Censure médiatique : Les médias indépendants sont soumis à des pressions financières et administratives pour limiter leur capacité à critiquer le gouvernement.
Tensions sociales et économiques
La Tunisie est confrontée à des défis économiques majeurs qui alimentent les tensions sociales :
- Chômage élevé : Plus de 15 % de la population active est sans emploi, avec des taux encore plus élevés chez les jeunes.
- Inflation : Les prix des produits de base augmentent, réduisant le pouvoir d’achat des ménages modestes.
- Grèves et manifestations : Les syndicats et les partis d’opposition organisent régulièrement des protestations contre les politiques économiques et les restrictions des libertés.
Enjeux internationaux et perspectives
La communauté internationale observe avec inquiétude la situation tunisienne. Les partenaires économiques, comme l’Union européenne, conditionnent leur soutien à des réformes politiques et économiques. Cependant, le gouvernement de Kais Saied maintient une ligne ferme, affirmant que les mesures prises sont nécessaires pour stabiliser le pays.
Pour l’avenir, plusieurs scénarios sont possibles :
- Réforme constitutionnelle : Une nouvelle Constitution pourrait renforcer les pouvoirs du président tout en limitant davantage les libertés civiles.
- Dialogue national : Une ouverture vers l’opposition pourrait apaiser les tensions sociales et économiques, mais cela nécessiterait des concessions significatives de la part du gouvernement.
- Instabilité prolongée : En l’absence de réformes structurelles, la Tunisie pourrait rester dans une situation de crise chronique, avec des conséquences négatives pour son économie et sa stabilité politique.