Introduction
En 2025, la Tunisie fait face à une double pression : une inflation persistante qui atteint 5,6 % en avril et une refonte de sa politique migratoire, sous l’œil attentif de l’Union européenne. Ces enjeux économiques et diplomatiques s’entrecroisent et révèlent la complexité d’une transition politique fragile, où la stabilité sociale dépend autant de la réussite des réformes internes que de la qualité du dialogue avec les partenaires extérieurs.
Inflation : causes, impacts et réponses
Raisons de l’inflation
La hausse des prix en Tunisie s’explique par plusieurs facteurs : augmentation du coût des matières premières importées, dépréciation du dinar, tensions sur l’offre alimentaire et répercussions de la crise énergétique mondiale. Le panier de la ménagère tunisienne s’en ressent lourdement, avec une érosion du pouvoir d’achat et une montée des revendications sociales.
Conséquences sociales et politiques
L’inflation alimente un climat social tendu. Les syndicats multiplient les appels à la revalorisation salariale, tandis que les ménages les plus modestes peinent à accéder aux produits de première nécessité. Cette situation fragilise la cohésion sociale et met sous pression un exécutif déjà contesté.
Réponses gouvernementales
Le gouvernement tente de contenir l’inflation par des subventions ciblées, une surveillance accrue des prix et des négociations avec les partenaires internationaux pour sécuriser les approvisionnements. Mais la marge de manœuvre budgétaire reste limitée, d’autant que la Tunisie doit aussi répondre aux exigences des bailleurs de fonds.
Migration : refonte des politiques et pression européenne
Un partenariat asymétrique avec l’Union européenne
La Tunisie a signé en 2023 un mémorandum d’entente avec l’UE, axé sur la lutte contre la migration irrégulière et le renforcement des contrôles aux frontières6. L’accord prévoit le retour des ressortissants tunisiens en situation irrégulière depuis l’Europe, ainsi que celui des migrants subsahariens présents en Tunisie vers leurs pays d’origine. L’UE s’engage en contrepartie à soutenir la Tunisie par des aides financières, logistiques et techniques.
Externalisation des politiques migratoires
Dans les faits, la Tunisie devient un rempart pour l’Europe, acceptant de jouer le rôle de gendarme migratoire en échange d’un appui économique. Cette externalisation, critiquée par les ONG, s’accompagne d’un durcissement des contrôles et d’une multiplication des expulsions, souvent dans des conditions dénoncées par les défenseurs des droits humains6.
Conséquences pour la société tunisienne
La gestion migratoire pèse sur la cohésion sociale, exacerbant les tensions entre populations locales et migrants subsahariens. La Tunisie, classée « pays sûr » par l’UE depuis avril 2025, voit ses ressortissants soumis à une procédure d’asile accélérée en Europe, ce qui pourrait réduire les opportunités d’émigration légale.
Dialogue et coopération avec l’Union européenne
Des attentes de soutien accru
La Tunisie réclame un soutien plus efficace de l’UE pour mener à bien ses réformes économiques et sociales8. Les autorités insistent sur la nécessité d’un partenariat équilibré, fondé sur le respect mutuel et le bénéfice partagé. Le succès du Conseil de partenariat et des commissions sectorielles spécialisées sera déterminant pour l’avenir de la coopération.
Perspectives et risques
Le défi pour la Tunisie est de concilier exigences européennes et priorités nationales : relance de la croissance, lutte contre le chômage, modernisation de l’administration, protection sociale. La réussite de cette équation conditionnera la stabilité politique et la résilience économique du pays.
Conclusion
La Tunisie, à la croisée des chemins, doit gérer simultanément inflation et pression migratoire tout en préservant sa souveraineté et sa stabilité. Le dialogue avec l’Union européenne, s’il est rééquilibré, peut devenir un levier de transformation. Mais la réussite dépendra de la capacité tunisienne à imposer ses priorités et à défendre les droits de ses citoyens et résidents.