Transition verte et accès universel – L’Afrique à la croisée des chemins

En 2025, l’Afrique est confrontée à un paradoxe énergétique : alors que le continent dispose d’un potentiel renouvelable colossal (40 % des réserves mondiales d’énergie solaire32 % d’hydroélectricité inexploitée), plus de 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. La transition énergétique devient un impératif économique, social et climatique, mais les défis restent immenses.

Le mix énergétique africain en 2025 : entre fossiles et renouvelables

  • Énergies fossiles : Encore dominantes, elles représentent 70 % de la production électrique, avec des géants comme le Nigeria (pétrole) et l’Afrique du Sud (charbon).
  • Renouvelables en hausse : Le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité couvrent désormais 25 % des besoins, portés par des projets phares :
  • Projet Noor Ouarzazate (Maroc) : Plus grande centrale solaire thermodynamique au monde (580 MW).
  • Grand Ethiopian Renaissance Dam (GERD) : Barrage hydroélectrique de 6 450 MW, capable d’alimenter 60 millions de foyers.
  • Lake Turkana Wind Power (Kenya) : Parc éolien de 310 MW alimentant 15 % du réseau national.

Défis de l’électrification rurale : innovations low-cost
Pour combler le déficit d’accès, des solutions décentralisées émergent :

  • Kits solaires individuels : Des entreprises comme M-KOPA (Kenya) proposent des systèmes payables via mobile money (0,50 $/jour).
  • Microgrids communautaires : Au Niger, des villages utilisent des hybrides solaire-diesel pour alimenter écoles et centres de santé.
  • Briques de biomasse : En Ouganda, des résidus agricoles sont transformés en combustibles pour cuisines propres, réduisant la déforestation.

Hydrogène vert : le nouvel eldorado ?
L’Afrique mise sur l’hydrogène vert pour exporter de l’énergie propre vers l’Europe et l’Asie :

  • Projet HyDeal (Mauritanie) : Méga-complexe solaire et éolien visant à produire 1,7 million de tonnes d’hydrogène vert/an d’ici 2030.
  • Namibie : Le gouvernement alloue 10 % de son territoire à des projets d’hydrogène, attirant des investisseurs comme Enel et Sasol.

Obstacles structurels : financements et infrastructures

  • Déficit d’investissements : Seuls 2 % des financements mondiaux pour les énergies propres vont à l’Afrique.
  • Réseaux vieillissants : Les pertes techniques atteignent 30 % dans certains pays (ex. : RDC) en raison de lignes vétustes.
  • Subventions aux fossiles : L’Afrique subsaharienne consacre encore 50 milliards de $/an à subventionner carburants et gaz.

Stratégies pour une transition juste
L’Union africaine prône une approche équilibrée :

  1. Développer le gaz comme énergie de transition : Projets de GNL au Mozambique et Sénégal pour remplacer le charbon.
  1. Renforcer les interconnexions régionales : Autoroute électrique WAPP (West African Power Pool) reliant 14 pays.
  1. Formation aux métiers verts : Académies solaires (ex. : IRENA-ADFD au Maroc) pour former 100 000 techniciens d’ici 2030.

Perspectives : un leadership africain sur le climat ?
Avec des émissions par habitant 10 fois inférieures à celles des États-Unis, l’Afrique pourrait devenir un modèle de développement sobre en carbone. Les clés :

  • Mobiliser les fonds climatiques promis (100 milliards $/an) via des mécanismes innovants (obligations vertes, taxes carbone).
  • Protéger les écosystèmes stratégiques : Forêts du bassin du Congo, tourbières de la Cuvette Centrale.
  • Promouvoir l’économie circulaire : Recyclage des déchets électroniques (ex. : Ghana) et réutilisation des eaux usées (ex. : Namibie).

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