La transition démographique en Afrique, caractérisée par une baisse progressive de la fécondité et une augmentation de la population en âge de travailler, représente à la fois une opportunité économique majeure et un défi social sans précédent. Avec 40 % de sa population âgée de moins de 15 ans, le continent pourrait bénéficier d’un dividende démographique sous réserve d’investissements stratégiques. Cependant, cette fenêtre démographique reste conditionnée à des politiques publiques proactives en matière d’éducation, de santé et d’emploi.
Dividende démographique : Une opportunité sous conditions
Le dividende démographique désigne l’accélération de la croissance économique résultant d’une structure de population favorable, où les actifs (15-64 ans) surpassent les dépendants (enfants et personnes âgées). Pour l’Afrique subsaharienne, ce dividende pourrait générer 500 milliards de dollars annuels sur 30 ans si les gouvernements investissent massivement dans l’éducation, la santé et la création d’emplois. Cependant, cet avantage n’est pas automatique : il nécessite une baisse accélérée de la fécondité et une amélioration des compétences des jeunes.
Défis sociaux : Jeunesse et emploi
La réussite du dividende démographique dépend de la capacité des économies africaines à absorber une main-d’œuvre croissante. Actuellement, le continent doit créer 18 millions d’emplois par an pour éviter une explosion du chômage, déjà élevé chez les jeunes (jusqu’à 30 % dans certains pays)2. Les défis incluent :
- Éducation inadaptée : Seuls 22 % des jeunes Africains terminent l’enseignement secondaire, limitant leur accès à des emplois qualifiés.
- Santé reproductive : Une femme sur deux n’a pas accès à des méthodes contraceptives modernes, freinant la baisse de la fécondité.
- Inégalités de genre : L’autonomisation des femmes, via l’éducation et l’accès à la santé, est cruciale pour réduire la fécondité et stimuler la croissance.
Stratégies pour maximiser le dividende
Pour transformer la transition démographique en opportunité, trois leviers sont essentiels :
- Investir dans le capital humain :
- Éducation : Prioriser la formation technique et numérique pour répondre aux besoins des marchés émergents67.
- Santé : Renforcer l’accès aux services de planning familial et réduire la mortalité infantile (59 décès pour 1 000 naissances en 2015).
- Créer des emplois productifs :
- Développer des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre (agriculture moderne, industries légères)37.
- Soutenir les PME via des microcrédits et des incubateurs technologiques6.
- Promouvoir des politiques inclusives :
- Intégrer les jeunes et les femmes dans les processus décisionnels économiques et politiques17.
- Harmoniser les législations régionales pour faciliter la mobilité de la main-d’œuvre3.
Risques d’un dividende non réalisé
Sans action rapide, la transition démographique pourrait se muer en « bombe sociale », avec des conséquences graves :
- Chômage massif : Risque de tensions sociales et d’instabilité politique.
- Pression migratoire : Déplacement accru de populations jeunes vers l’Europe ou les villes africaines surpeuplées2.
- Pauvreté persistante : 660 millions d’Africains vivent encore avec moins de 2 dollars par jour, malgré la croissance économique.
En conclusion, la transition démographique en Afrique offre une opportunité historique de développement, mais son succès dépendra de la capacité des États à mettre en œuvre des politiques multisectorielles coordonnées. L’expérience des « tigres asiatiques » montre que des investissements ciblés dans l’éducation, la santé et l’emploi peuvent transformer une population jeune en moteur de croissance.