Introduction
L’agriculture demeure le pilier de l’économie africaine, employant près de 60 % de la population active et représentant jusqu’à 23 % du PIB du continent. Pourtant, malgré ce potentiel, l’Afrique reste confrontée à d’importants défis : insécurité alimentaire, faible productivité, vulnérabilité climatique et déficit d’investissements. Face à une population en forte croissance et à l’urgence climatique, la transformation agricole s’impose comme la priorité pour garantir la sécurité alimentaire, stimuler la croissance et renforcer la résilience du continent.
Un secteur stratégique mais sous-financé
L’Afrique possède 60 % des terres arables non exploitées du monde, mais reste importatrice nette de denrées alimentaires. Ce paradoxe s’explique par un déficit d’investissements estimé à 200 milliards de dollars par an, une faible mécanisation, un accès limité aux intrants modernes et des infrastructures rurales insuffisantes2. Les petits exploitants agricoles, qui fournissent la majorité de la production, manquent souvent de ressources, de formation et d’accès aux marchés.
L’innovation au cœur de la transformation
Pour répondre à ces défis, l’innovation occupe une place centrale. L’initiative ATLAS (Agricultural Transitions Lab for African Solutions), lancée par le Forum de Paris sur la Paix, vise à harmoniser les politiques, aligner les investissements et favoriser la responsabilisation grâce à des outils comme le baromètre des investissements agricoles2. Les technologies numériques, l’agriculture de précision, les semences améliorées et l’irrigation intelligente transforment progressivement les pratiques agricoles et permettent d’augmenter la productivité tout en réduisant l’empreinte environnementale.
Résilience climatique et sécurité alimentaire
Le changement climatique expose l’agriculture africaine à des risques accrus : sécheresses, inondations, dégradation des sols et apparition de nouveaux ravageurs. La généralisation de pratiques agricoles résilientes au climat, comme l’agroécologie, la diversification des cultures ou la gestion durable de l’eau, est essentielle pour garantir la sécurité alimentaire et préserver les ressources naturelles24.
Financement et coopération internationale
La transformation agricole nécessite des investissements massifs et des modèles de financement innovants. Le « Défi 2×30 » lancé lors du Forum économique mondial appelle à doubler les investissements agricoles mondiaux en Afrique d’ici 20302. La coopération entre l’Afrique et l’Europe, l’engagement du secteur privé et la philanthropie stratégique sont indispensables pour combler le déficit de financement et soutenir la modernisation du secteur.
Politiques publiques et réformes structurelles
Les gouvernements africains doivent adopter des politiques agricoles inclusives, renforcer la sécurité foncière, faciliter l’accès au crédit et promouvoir l’entrepreneuriat rural. L’alignement des politiques nationales avec les Objectifs de développement durable (ODD) et l’Agenda 2063 de l’Union africaine permet de garantir une vision cohérente et durable du développement agricole5.
L’agriculture, moteur du développement rural
Au-delà de la production alimentaire, la transformation agricole stimule l’emploi, l’innovation et l’industrialisation rurale. Elle favorise l’émergence de chaînes de valeur locales, la création de PME agroalimentaires et l’intégration des jeunes et des femmes dans l’économie. Les initiatives comme le Prix Afrique Excellence 2025 valorisent les projets innovants et encouragent la diffusion de solutions adaptées aux réalités africaines6.
Conclusion
La transformation de l’agriculture africaine est un impératif pour la sécurité alimentaire, la croissance inclusive et la résilience climatique du continent. Elle nécessite une mobilisation collective, des investissements ambitieux et une coopération renforcée entre les acteurs publics, privés et la société civile. En misant sur l’innovation, la formation et la modernisation, l’Afrique peut devenir un leader mondial de l’agriculture durable et autosuffisante.