Togo : l’opposition dénonce une dérive monarchique lors de la présidence du Conseil des ministres

Le Togo, pays d’Afrique de l’Ouest dirigé par la famille Gnassingbé depuis plus de 40 ans, est aujourd’hui au cœur d’une crise politique profonde. L’opposition togolaise dénonce avec vigueur ce qu’elle qualifie de « dérive monarchique » dans la gestion de la présidence du Conseil des ministres, une institution clé du gouvernement. Cette accusation fait écho à une centralisation croissante du pouvoir exécutif, perçue comme une menace pour les principes démocratiques et la séparation des pouvoirs.

Depuis l’accession au pouvoir de Faure Gnassingbé en 2005, le Togo a connu une stabilité relative, mais aussi une contestation récurrente de l’opposition qui réclame des réformes politiques majeures. Ces dernières années, les tensions se sont accentuées, notamment avec la limitation progressive des libertés politiques, la répression de manifestations pacifiques et le contrôle accru des médias indépendants. Dans ce contexte, la présidence du Conseil des ministres est devenue un symbole de cette concentration du pouvoir.

Traditionnellement, le Conseil des ministres est une instance collégiale chargée de coordonner les politiques gouvernementales et d’assurer la cohérence des actions de l’exécutif. Or, au Togo, l’opposition accuse le président de la République de s’arroger un rôle quasi monarchique, en prenant des décisions unilatérales et en marginalisant les autres membres du gouvernement. Cette situation affaiblit la gouvernance démocratique et limite la capacité des institutions à fonctionner de manière transparente et participative.

Les critiques portent également sur la nomination et la révocation des ministres, souvent perçues comme des décisions personnelles du président, sans véritable consultation ni débat démocratique. Ce mode de gouvernance alimente les frustrations au sein de la société civile et des partis politiques, qui dénoncent une dérive autoritaire incompatible avec les aspirations démocratiques de la population, en particulier des jeunes.

Sur le plan économique, cette instabilité politique a des répercussions négatives. Les investisseurs étrangers, essentiels pour le développement du pays, restent prudents face à un climat politique jugé incertain. Par ailleurs, les réformes économiques nécessaires pour stimuler la croissance sont souvent freinées par l’absence de consensus politique et la faiblesse des institutions.

Le gouvernement, de son côté, justifie cette concentration du pouvoir par la nécessité d’assurer la stabilité et la continuité dans un contexte régional marqué par des défis sécuritaires, notamment la menace terroriste dans le Sahel. Il met en avant les progrès réalisés en matière d’infrastructures, d’éducation et de santé, comme preuves de l’efficacité de sa gouvernance.

Cependant, cette posture ne fait qu’exacerber les tensions et risque d’isoler davantage le pouvoir en place. Les appels à un dialogue inclusif, impliquant toutes les forces politiques et sociales, se multiplient, y compris de la part d’organisations internationales telles que l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

La jeunesse togolaise, qui représente une part importante de la population, exprime un fort désir de changement et de participation politique. Les réseaux sociaux et les mouvements citoyens jouent un rôle croissant dans la mobilisation et la sensibilisation, malgré les tentatives de contrôle et de censure.

En conclusion, la dénonciation d’une dérive monarchique au Togo est symptomatique d’un malaise profond au sein du système politique. Pour garantir la stabilité et le développement du pays, il est impératif que le pouvoir en place engage des réformes démocratiques ambitieuses, favorise la transparence et ouvre un véritable espace de dialogue avec l’opposition et la société civile. L’avenir politique du Togo dépendra largement de sa capacité à répondre aux aspirations légitimes de sa population et à construire des institutions solides et inclusives.

 

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