Togo : Dette publique record à 1 959,5 milliards FCFA, quelles conséquences pour l’économie nationale ?

Le Togo vient de franchir un seuil historique avec une dette publique qui atteint 1 959,5 milliards de francs CFA en 2025, soit près de 60% du produit intérieur brut (PIB) national. Cette situation, qui suscite de vives inquiétudes parmi les économistes, les bailleurs internationaux et la société civile, soulève de nombreuses questions sur la soutenabilité de la dette, les marges de manœuvre budgétaires du pays et les perspectives de développement à moyen terme.

Les causes d’une dette en forte croissance

L’augmentation rapide de la dette togolaise s’explique par plusieurs facteurs : investissements massifs dans les infrastructures (routes, énergie, ports), programmes sociaux pour atténuer les effets de la pandémie de Covid-19, mais aussi recours accru à l’emprunt extérieur pour financer le déficit budgétaire. Les autorités défendent ces choix en mettant en avant la nécessité de moderniser l’économie et d’accélérer la transformation structurelle du pays.

Cependant, la dépendance à l’endettement extérieur expose le Togo aux aléas des marchés financiers, à la volatilité des taux d’intérêt et à la pression des créanciers multilatéraux. La part croissante de la dette à court terme et la faiblesse des recettes fiscales accentuent les risques de tensions budgétaires.

Les conséquences économiques et sociales

L’ampleur de la dette limite la capacité du gouvernement à investir dans les secteurs sociaux prioritaires, tels que la santé, l’éducation ou la protection sociale. Le service de la dette absorbe désormais une part importante du budget de l’État, au détriment des dépenses de développement. Cette situation pourrait aggraver les inégalités, freiner la croissance et compromettre les efforts de réduction de la pauvreté.

Les bailleurs de fonds, notamment le FMI et la Banque mondiale, appellent à une gestion plus rigoureuse de la dette, à la transparence dans l’utilisation des ressources empruntées et à la mise en œuvre de réformes structurelles pour renforcer la mobilisation des recettes internes. La société civile, de son côté, réclame un audit indépendant de la dette et une meilleure implication des citoyens dans le suivi des politiques publiques.

Quelles stratégies pour sortir de l’impasse ?

Face à l’ampleur du défi, le gouvernement togolais a lancé un plan d’assainissement des finances publiques, visant à rationaliser les dépenses, à améliorer la collecte des impôts et à diversifier les sources de croissance économique. La priorité est donnée au développement du secteur privé, à la promotion des exportations et à l’attraction d’investissements directs étrangers.

À moyen terme, la viabilité de la dette dépendra de la capacité du Togo à accélérer sa croissance, à renforcer la gouvernance économique et à garantir une utilisation efficace et transparente des ressources publiques. La réussite de ces réformes conditionnera non seulement la stabilité macroéconomique du pays, mais aussi sa capacité à répondre aux attentes sociales d’une population jeune et dynamique.

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