Téléphonie mobile en Afrique : L’accès universel face au mur de la fracture numérique


Lagos/Abidjan, 10 avril 2025 – Alors que la pénétration mobile en Afrique subsaharienne devrait atteindre 50 % d’ici fin 2025, plus de 600 millions de personnes restent exclus des réseaux. Entre innovations low-cost et barrières infrastructurelles, la course à la connectivité totale bute sur des réalités économiques implacables.

Le paradoxe de la croissance mobile
Le rapport GSMA révèle une hausse de 12 points de l’internet mobile entre 2020 et 2025, mais seulement 40 % de la population subsaharienne sera connectée[^1]. Au Mali, le budget 2025 pour les télécoms atteint 72 millions $, avec un accent sur la télémédecine maternelle[^2]. Pourtant, 19 % des Africains vivent encore dans des zones sans couverture haut débit mobile, soit trois fois la moyenne mondiale[^3].

L’offensive technologique

  • 4G : Représentera 17 % des connexions ouest-africaines d’ici 2025, dépassant la 2G grâce à l’attribution de spectres inférieurs à 1 GHz[^6].
  • Smartphones : 65 % des connexions mobiles se feront via ces appareils d’ici 2025, contre 28 % de pénétration internet actuelle[^1][^3].
  • VoIP : Des solutions comme Talk360 contournent le besoin de smartphones en connectant les utilisateurs hors ligne via des appels vocaux traditionnels[^1].

Le casse-tête des zones rurales
Le déploiement de tours cellulaires dans les régions reculées bute sur :

  • Coûts : Jusqu’à 5 fois plus élevés qu’en zone urbaine pour une couverture équivalente[^5].
  • Topographie : Reliefs accidentés et savanes réduisant la portée des signaux[^5].
  • Énergie : Seulement 35 % des tours mobiles rurales disposent d’une alimentation électrique fiable[^5].

L’espoir des réformes fiscales
La GSMA prévoit qu’une baisse des taxes sur les smartphones pourrait réduire les prix de 13 % dès 2025[^7]. Le Nigeria mise sur des assemblages locaux pour produire des appareils à 50 $ pièce, contre 150 $ pour les imports[^3]. Au Kenya, l’opérateur Safaricom teste des bornes Wi-Fi communautaires alimentées à l’énergie solaire[^5].

L’ombre des géants technologiques
Google a investi 1 milliard $ dans les infrastructures africaines, visant particulièrement Nigeria, Kenya et Ghana[^3]. Huawei équipe 70 % des réseaux 4G ouest-africains, mais ses serveurs basés en Chine posent des questions de souveraineté data[^3][^6].

Innovations frugales

  • Mesh networks : Réseaux maillés auto-organisés testés au Rwanda pour connecter les villages sans backhaul internet[^5].
  • TV White Space : Réutilisation des fréquences TV abandonnées pour le haut débit rural (projet pilote en Tanzanie)[^3].
  • Mobile Money : Le transfert d’argent par SMS reste vital pour 350 millions d’Africains non bancarisés[^1].

La fracture persiste
L’Afrique centrale compte 142 millions de non-connectés, contre 23 millions en Afrique australe[^3]. Les femmes rurales sont 25 % moins susceptibles de posséder un smartphone que les hommes[^3]. Le coût moyen des données reste à 5 % du revenu mensuel, bien au-dessus du seuil d’accessibilité fixé à 2 %[^3].

Conclusion ouverte
Alors que les investissements massifs dans la 4G et les smartphones abordables dessinent une Afrique connectée, l’accès universel reste un mirage pour les populations rurales et féminines. La question cruciale demeure : les innovations low-tech et les réformes fiscales suffiront-elles à combler le fossé numérique, ou l’Afrique rurale deviendra-t-elle une nouvelle frontière du colonialisme data ?

Related posts

L’IA et la blockchain – Opportunités et risques d’une révolution en marche

Réinventer l’école – Technologies et défis d’une jeunesse en quête d’avenir

Transition énergétique – L’Afrique face au dilemme fossiles/renouvelables