Soudan du Sud : retour des exilés à Hai Matar, espoirs de reconstruction

Introduction

Le 29 mai 2025, le quartier de Hai Matar, à Juba, la capitale du Soudan du Sud, a vu revenir ses premiers exilés après des années de guerre civile et de déplacements forcés. Ce retour, encore timide mais porteur d’espoir, symbolise la volonté de milliers de Sud-Soudanais de reconstruire leur vie et leur pays, malgré les défis sécuritaires, économiques et sociaux. Analyse d’un mouvement de retour qui pose les jalons d’une réconciliation nationale et d’une reconstruction durable.

Un exil massif, une mémoire douloureuse

Depuis l’éclatement de la guerre civile en 2013, plus de 4 millions de Sud-Soudanais ont été déplacés, dont près de 2 millions réfugiés dans les pays voisins (Ouganda, Soudan, Éthiopie, Kenya). Hai Matar, autrefois quartier animé de Juba, s’était vidé de ses habitants, devenant un symbole de la tragédie nationale.

Les accords de paix successifs, la baisse relative des violences et les efforts de médiation régionale ont permis à certains exilés de franchir le pas du retour, souvent avec l’aide d’agences humanitaires et de l’ONU.

Les conditions du retour

  • Sécurité : Si la situation reste fragile, la présence accrue des forces de sécurité et des missions de maintien de la paix a rassuré une partie des familles.
  • Aide humanitaire : Les ONG, le HCR et le PAM fournissent des kits de retour (tentes, nourriture, outils) et un accompagnement psychosocial.
  • Défis économiques : La reconstruction des maisons, des écoles et des infrastructures de base reste un défi colossal, dans un pays où plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Témoignages d’espoir et de résilience

De nombreux exilés racontent la difficulté de la vie dans les camps, la nostalgie du pays et la volonté de « tourner la page » de la guerre. Pour beaucoup, le retour à Hai Matar est un acte de foi en l’avenir, malgré les incertitudes.

Des associations locales organisent des ateliers de dialogue, de formation professionnelle et de soutien aux femmes et aux enfants, pour favoriser la réintégration et la cohésion sociale.

Les enjeux pour la paix et la reconstruction

  • Réconciliation nationale : Le retour des exilés est un test pour la capacité du pays à dépasser les divisions ethniques et politiques. Les autorités doivent garantir la sécurité, la justice et l’inclusion de tous.
  • Développement local : La relance de l’agriculture, du commerce et des services est essentielle pour offrir des perspectives aux jeunes et éviter une reprise des violences.
  • Soutien international : Les bailleurs de fonds conditionnent leur aide à la stabilité politique, à la lutte contre la corruption et à la transparence dans la gestion des ressources.

Les défis à venir

  • Risques de tensions : Le retour des exilés peut raviver des conflits fonciers, des rivalités communautaires ou des frustrations liées à l’accès aux services.
  • Fragilité institutionnelle : L’État sud-soudanais reste faible, avec une administration peu présente et des ressources limitées.
  • Changements climatiques : Les inondations, la sécheresse et la dégradation des terres compliquent la relance agricole et la sécurité alimentaire.

Conclusion

Le retour des exilés à Hai Matar incarne l’espoir d’une reconstruction nationale au Soudan du Sud. Mais il rappelle aussi l’ampleur des défis à relever pour bâtir une paix durable, garantir la justice et offrir un avenir digne à tous les citoyens. La solidarité, la gouvernance et l’engagement international seront les clés de la réussite.

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