Introduction
Le Soudan est à nouveau secoué par une attaque majeure : les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont mené dimanche 4 mai 2025 une attaque aux drones explosifs ciblant pour la première fois l’aéroport de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement soudanais sur la mer Rouge. Cette offensive marque une nouvelle escalade dans le conflit armé qui déchire le pays depuis avril 2023, opposant l’armée régulière au général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo. Cette attaque soulève de nombreuses inquiétudes sur la sécurité régionale et humanitaire dans un pays déjà fragilisé par une guerre meurtrière.
Contexte du conflit au Soudan
Depuis le coup d’État militaire de 2021, le Soudan est plongé dans une crise politique et sécuritaire profonde. En avril 2023, les tensions ont dégénéré en affrontements armés entre l’armée soudanaise et les FSR, une puissante milice paramilitaire. Ces combats ont forcé le gouvernement à transférer son siège de Khartoum à Port-Soudan, une ville portuaire stratégique située à plus de 600 kilomètres à l’est, sur la mer Rouge. Port-Soudan abrite également plusieurs agences humanitaires internationales et des centaines de milliers de déplacés internes, ce qui rend la ville cruciale pour la stabilité du pays.
Déroulement de l’attaque
Le dimanche 4 mai 2025, l’armée soudanaise a annoncé que des drones explosifs avaient frappé la base aérienne d’Osman Digna, un entrepôt de marchandises et plusieurs installations civiles à Port-Soudan. Le porte-parole militaire, le général Nabil Abdoullah, a précisé que cette attaque visait à déstabiliser les infrastructures vitales de la ville. Des images diffusées par l’AFP ont montré une épaisse colonne de fumée noire s’élevant au-dessus de l’aéroport, tandis que les autorités ont suspendu tous les vols commerciaux vers et depuis Port-Soudan.
Malgré les dégâts matériels, aucun blessé n’a été signalé. Cependant, la portée symbolique de cette attaque est forte, car Port-Soudan était jusqu’ici épargnée par les violences directes. Des témoins ont rapporté avoir été évacués en urgence du terminal de l’aéroport, soulignant la gravité de la situation.
Implications militaires et stratégiques
Cette attaque aux drones marque une nouvelle étape dans le conflit soudanais, illustrant la capacité des FSR à frapper des cibles éloignées de leurs zones habituelles d’opération, situées principalement dans la périphérie de Khartoum et le Darfour. Les FSR, qui ne disposent pas d’aviation conventionnelle, s’appuient sur des drones d’origine chinoise dotés de technologies avancées de surveillance et d’armements air-sol, suspectés d’être fournis par les Émirats arabes unis, bien que ces derniers démentent toute implication.
L’utilisation accrue de drones par les paramilitaires complique la donne sécuritaire et oblige l’armée à renforcer ses défenses aériennes. Des missiles antiaériens ont été tirés pour intercepter d’autres drones se dirigeant vers des bases militaires dans la région, témoignant de la tension extrême sur le terrain.
Conséquences humanitaires et politiques
Le conflit au Soudan a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 13 millions de personnes, selon l’ONU. La guerre a plongé certaines régions dans une famine dramatique, qualifiée de pire catastrophe humanitaire mondiale. L’attaque de Port-Soudan, qui abrite des camps de déplacés et des agences humanitaires, menace d’aggraver encore cette crise.
Sur le plan politique, cette offensive des FSR vise à montrer que « aucun endroit n’est sûr » au Soudan et à déstabiliser le gouvernement. Elle intervient alors que des efforts de médiation régionale, notamment de l’Arabie saoudite, tentent de négocier une trêve durable. L’attaque pourrait compliquer ces démarches et prolonger le conflit.
Conclusion
L’attaque aux drones contre l’aéroport de Port-Soudan illustre la gravité et la complexité du conflit soudanais, où les forces paramilitaires gagnent en capacité de nuisance. La situation sécuritaire reste volatile, avec un risque accru pour les civils et les infrastructures vitales. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour soutenir une résolution pacifique et humanitaire de cette crise.