Une capitale sous haute tension
Le 6 juin 2025, Mogadiscio, capitale de la Somalie, vit une nouvelle journée sous le signe de la peur et de l’incertitude. Plusieurs attaques coordonnées, revendiquées par le groupe islamiste Al-Shabaab, ont frappé des quartiers stratégiques de la ville, visant des postes de police, des hôtels fréquentés par des officiels et des points de contrôle militaires. Le bilan provisoire fait état d’au moins 30 morts et d’une cinquantaine de blessés, dont de nombreux civils.
Cette nouvelle vague de violence intervient alors que le gouvernement somalien tente de consolider son autorité sur la capitale et de préparer le terrain pour des élections prévues en 2026. Mais la persistance de la menace djihadiste, la fragilité des institutions et la défiance d’une partie de la population rendent la tâche particulièrement ardue.
Al-Shabaab, une menace persistante et évolutive
Al-Shabaab, affilié à Al-Qaïda, contrôle encore de vastes territoires ruraux dans le sud et le centre de la Somalie. Malgré les offensives de l’armée somalienne, appuyée par la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), le groupe conserve une capacité de nuisance élevée : attentats-suicides, assassinats ciblés, attaques contre les forces de sécurité et les symboles de l’État.
Les analystes notent une évolution de la stratégie d’Al-Shabaab : multiplication des attaques urbaines, infiltration des réseaux économiques et sociaux, recours à la propagande sur les réseaux sociaux pour recruter et intimider. Le groupe profite des failles de la gouvernance, de la pauvreté et des rivalités claniques pour s’imposer comme une alternative aux yeux de certains jeunes désœuvrés.
Le gouvernement face à l’urgence sécuritaire
Le président Hassan Sheikh Mohamud a convoqué un conseil de sécurité exceptionnel et annoncé une série de mesures : renforcement des barrages routiers, déploiement de forces spéciales, couvre-feu nocturne dans certains quartiers. Mais la population reste sceptique, dénonçant la corruption, le manque de coordination entre les services de sécurité et l’inefficacité des dispositifs de prévention.
Les commerçants de Mogadiscio, déjà fragilisés par l’insécurité, craignent une paralysie économique. Les écoles et les universités ont suspendu leurs activités, tandis que les hôpitaux sont débordés par l’afflux de blessés.
La communauté internationale à la croisée des chemins
La Somalie reste l’un des principaux bénéficiaires de l’aide internationale en Afrique. L’Union africaine, l’ONU, les États-Unis, la Turquie et l’Union européenne financent la formation des forces de sécurité, la reconstruction des infrastructures et les programmes de déradicalisation. Mais la lassitude gagne certains partenaires, qui s’interrogent sur l’efficacité de leur engagement et sur la capacité du gouvernement à tenir ses promesses.
Le retrait progressif de la mission ATMIS, prévu pour 2026, suscite l’inquiétude : sans soutien extérieur, l’armée somalienne sera-t-elle capable de contenir la menace ? Les ONG appellent à ne pas abandonner la Somalie, sous peine de voir le pays replonger dans le chaos.
Enjeux politiques et perspectives pour la Somalie
Au-delà de la sécurité, la crise actuelle met en lumière les défis politiques : réconciliation nationale, organisation d’élections crédibles, réforme du système fédéral, lutte contre la corruption. Les rivalités entre clans, la compétition pour le contrôle des ressources et l’influence des puissances étrangères compliquent la donne.
Les experts estiment que seule une approche globale, combinant sécurité, développement et dialogue politique, permettra de stabiliser la Somalie à long terme. La société civile, les femmes et les jeunes doivent être associés à la reconstruction du pays.
Conclusion : Mogadiscio, miroir des défis africains face au terrorisme
La situation à Mogadiscio rappelle que la lutte contre le terrorisme en Afrique ne peut se limiter à la dimension militaire. Elle exige une mobilisation de tous les acteurs, un investissement dans l’éducation, l’emploi et la gouvernance, et une solidarité internationale renouvelée.