Introduction
Le 30 mai 2025, les autorités sanitaires de Sierra Leone ont annoncé avoir recensé plus de 3 000 cas confirmés de mpox (nouveau nom international de la variole du singe) depuis le début de l’année, avec 14 décès enregistrés. Cette flambée épidémique, la plus importante jamais observée dans le pays, met à l’épreuve le système de santé et suscite l’inquiétude des populations et des partenaires internationaux. Analyse d’une crise sanitaire qui révèle les défis de la surveillance, de la prévention et de la prise en charge des maladies émergentes en Afrique de l’Ouest.
Les faits : une épidémie sans précédent
Les premiers cas de mpox ont été détectés en janvier 2025 dans la région de Kenema, avant de s’étendre rapidement à d’autres districts, y compris la capitale Freetown. Selon le ministère de la Santé, la majorité des patients sont des enfants et des jeunes adultes, vivant en milieu urbain ou périurbain. Les symptômes incluent fièvre, éruptions cutanées, douleurs musculaires et, dans les cas graves, complications respiratoires et neurologiques.
Malgré les efforts de confinement, le nombre de cas continue de croître, alimenté par la promiscuité, la mobilité des populations et la méfiance envers les autorités sanitaires.
Les causes et facteurs aggravants
- Transmission interhumaine : Si la mpox reste moins contagieuse que la variole humaine, la transmission par contact direct ou via des objets contaminés est facilitée par les conditions de vie précaires.
- Système de santé sous pression : Manque de personnel formé, de laboratoires équipés, de lits d’isolement et de médicaments adaptés.
- Stigmatisation et rumeurs : De fausses informations circulent sur les réseaux sociaux, freinant le recours aux soins et favorisant la marginalisation des malades.
La riposte des autorités
Face à l’ampleur de l’épidémie, le gouvernement de Sierra Leone a pris plusieurs mesures :
- Renforcement des capacités d’accueil : Ouverture de nouveaux centres de traitement, recrutement d’agents de santé communautaires, formation accélérée du personnel.
- Campagnes de sensibilisation : Messages radio, affiches, interventions dans les écoles pour informer sur les modes de transmission et les gestes de prévention.
- Partenariats internationaux : Appel à l’aide de l’OMS, de l’UNICEF et des ONG pour fournir des équipements, des tests de diagnostic et des vaccins expérimentaux.
- Surveillance renforcée : Mise en place d’un système d’alerte précoce, traçage des contacts et isolement des cas suspects.
Les défis de la prise en charge
- Accès aux soins : De nombreuses zones rurales restent difficiles d’accès, avec des populations peu sensibilisées ou réticentes à se rendre dans les centres de santé.
- Protection du personnel : Plusieurs soignants ont été infectés, faute d’équipements de protection individuelle en quantité suffisante.
- Gestion des décès : Les rites funéraires traditionnels, impliquant souvent des contacts rapprochés avec les corps, augmentent le risque de propagation.
Les enjeux régionaux et internationaux
La flambée de mpox en Sierra Leone inquiète les pays voisins (Guinée, Liberia, Côte d’Ivoire), qui renforcent la surveillance à leurs frontières. L’OMS appelle à une coordination régionale et à l’intégration de la lutte contre la mpox dans les stratégies de préparation aux pandémies.
Les experts soulignent la nécessité d’investir dans la recherche, la vaccination et la résilience des systèmes de santé africains, face à la multiplication des maladies émergentes (Ebola, Lassa, Covid-19, mpox).
Conclusion
La crise de la mpox en Sierra Leone rappelle la vulnérabilité des pays d’Afrique de l’Ouest face aux épidémies et l’importance d’une réponse rapide, coordonnée et inclusive. Renforcer les capacités d’accueil, lutter contre la stigmatisation et investir dans la santé publique sont des priorités pour protéger les populations et prévenir de futures crises.