Sénégal – Ousmane Sonko lance son mouvement panafricain depuis Dakar, ambitions et réactions

Un lancement très attendu sur fond de recomposition politique au Sénégal

Le 4 juin 2025, Dakar a vibré au rythme d’un événement politique majeur : Ousmane Sonko, figure de la nouvelle génération politique sénégalaise, a officiellement lancé son mouvement panafricain, baptisé « Afrique Debout ». Ce lancement, très médiatisé, intervient dans un contexte de recomposition profonde du paysage politique sénégalais, marqué par la montée des aspirations citoyennes, la défiance envers les partis traditionnels et la recherche d’un nouveau souffle pour le continent africain.

Ousmane Sonko, une figure incontournable de la scène politique sénégalaise

Ousmane Sonko, ancien inspecteur des impôts et leader du parti Pastef, s’est imposé comme l’un des principaux opposants au pouvoir. Son arrestation en 2023, suivie de manifestations massives, avait déjà révélé sa capacité à mobiliser la jeunesse et à incarner une alternative crédible. Depuis, Sonko n’a cessé de plaider pour une rupture avec « l’ordre néocolonial », la souveraineté économique et la justice sociale.

Avec « Afrique Debout », il entend élargir son combat au-delà du Sénégal, en fédérant les forces vives du continent autour d’un projet panafricain assumé. « L’Afrique ne doit plus être le terrain de jeu des puissances étrangères. Nous devons prendre notre destin en main », a-t-il déclaré devant une foule enthousiaste réunie à la Place de l’Obélisque.

Un projet panafricain : ambitions et stratégie

Le mouvement « Afrique Debout » se veut à la fois un laboratoire d’idées, un réseau de mobilisation citoyenne et une plateforme d’action politique. Sonko a détaillé les axes prioritaires de son programme :

  • Souveraineté économique : sortie du franc CFA, développement d’une monnaie africaine, protection des industries locales.
  • Unité politique : renforcement des institutions africaines, plaidoyer pour une Union africaine plus intégrée et plus démocratique.
  • Justice sociale et environnementale : lutte contre la corruption, accès universel à l’éducation et à la santé, transition écologique.
  • Droits humains et libertés : défense des minorités, égalité femmes-hommes, protection des journalistes et des lanceurs d’alerte.

Le mouvement veut s’appuyer sur la jeunesse, les diasporas et les intellectuels africains pour construire une alternative crédible aux modèles imposés de l’extérieur.

Réactions au Sénégal et en Afrique

Le lancement d’« Afrique Debout » a suscité des réactions contrastées. Au Sénégal, les partisans de Sonko saluent « une initiative historique » et voient en lui le leader d’une nouvelle génération panafricaine. Les réseaux sociaux ont relayé massivement les images du rassemblement, tandis que plusieurs artistes et intellectuels ont exprimé leur soutien.

Du côté du pouvoir, la prudence domine. Certains responsables du parti présidentiel dénoncent une « instrumentalisation des frustrations sociales » et appellent à la vigilance face à « la tentation du populisme ». D’autres, plus modérés, reconnaissent la nécessité de renouveler le débat politique et de répondre aux attentes de la jeunesse.

Dans d’autres pays africains, plusieurs mouvements citoyens ont salué l’initiative, y voyant un modèle à suivre pour sortir de l’ornière des partis traditionnels. Des critiques émergent aussi, certains accusant Sonko de vouloir « internationaliser » ses ambitions faute de perspectives nationales immédiates.

Défis et perspectives pour le panafricanisme version Sonko

Le principal défi d’« Afrique Debout » sera de transformer l’élan populaire en force politique organisée. L’histoire du panafricanisme est jalonnée de tentatives avortées : manque de coordination, rivalités nationales, récupération par les élites en place. Sonko devra convaincre au-delà de son cercle de fidèles, nouer des alliances, et surtout, proposer des solutions concrètes aux problèmes quotidiens des Africains.

La question de la relation avec les institutions existantes, notamment l’Union africaine, sera centrale. Le mouvement devra aussi éviter l’écueil du repli identitaire ou de l’anti-occidentalisme primaire, en privilégiant un discours inclusif et constructif.

Conclusion : Un pari audacieux pour l’Afrique nouvelle

Avec le lancement d’« Afrique Debout », Ousmane Sonko s’impose comme l’un des visages de l’Afrique nouvelle : ambitieuse, connectée, déterminée à peser sur son avenir. Le succès du mouvement dépendra de sa capacité à fédérer au-delà des frontières, à incarner une alternative crédible et à répondre aux attentes d’une jeunesse avide de changement.

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