Sous-titre : Enquête sur les accusations de détournement, les réponses d’Eto’o et les enjeux de gouvernance au sein du football camerounais
Introduction
Depuis le 23 juin 2025, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), fait face à une tempête judiciaire et médiatique. Accusé de détournement de fonds dans le cadre d’un match amical Cameroun-Russie, l’ancien international camerounais est visé par une plainte déposée auprès de la Commission d’éthique de la Fécafoot. Cette affaire, qui s’ajoute à une série de controverses depuis le début de son mandat, pose la question de la transparence et de la gouvernance dans le football africain. Où est le vrai, où est le faux ? Décryptage d’une polémique qui divise la sphère sportive et l’opinion publique camerounaise.
Les faits : une transaction opaque au cœur de la polémique
Au centre de l’affaire, une somme de 455 000 euros versée par la Fédération russe de football (RFU) pour l’organisation du match amical Cameroun-Russie du 12 octobre 2023. Selon la plainte déposée par Guibai Gatama, membre du Comité exécutif de la Fécafoot, cette somme aurait transité non pas par les circuits officiels de la fédération, mais sur un compte personnel de Samuel Eto’o, logé dans une banque au Qatar1234. Gatama dénonce une violation du Code d’éthique, évoquant des faits de « corruption, détournement de fonds et complicité de détournement ».
Des documents bancaires et administratifs circulent sur les réseaux sociaux, attestant du virement direct sur le compte d’Eto’o. Deux autres anciens cadres de la Fécafoot, Benoît Angbwa et Blaise Djounang, sont également cités dans la plainte comme complices présumés4.
La défense d’Eto’o et le contexte géopolitique
Face à la polémique, la défense de Samuel Eto’o avance plusieurs arguments. Selon des sources internes à la Fécafoot, la transaction aurait été validée par le Comité d’urgence de la fédération, invoquant les contraintes bancaires liées aux sanctions internationales frappant la Russie. L’impossibilité de recevoir des fonds directement de la Russie via les circuits traditionnels aurait justifié le recours à un compte personnel pour contourner ces obstacles. La défense affirme également que les fonds ont ensuite été reversés sur le compte officiel de la Fécafoot, une version qui n’a pas encore été officiellement documentée13.
Silence, soupçons et guerre d’image
Depuis la fuite des documents, la Fécafoot et Samuel Eto’o sont restés silencieux, n’apportant ni démenti officiel ni clarification publique13. Ce mutisme alimente les soupçons et nourrit la défiance d’une partie de l’opinion, déjà échaudée par d’autres polémiques sur la gestion des fonds et la gouvernance fédérale. Les partisans d’Eto’o dénoncent une cabale orchestrée par ses adversaires internes, tandis que ses détracteurs voient dans cette affaire la preuve d’une gestion opaque et personnalisée du football camerounais.
Un bilan contrasté à la tête de la Fécafoot
Depuis son arrivée à la présidence de la Fécafoot en décembre 2021, Samuel Eto’o a multiplié les initiatives pour professionnaliser le football camerounais, améliorer les conditions des joueurs et renforcer la compétitivité des clubs2. Mais son mandat a aussi été marqué par des tensions internes, des conflits avec des membres du comité exécutif et des décisions contestées sur le plan administratif2. Cette nouvelle affaire de détournement vient ternir un bilan déjà contrasté, à la veille de la préparation des prochaines échéances sportives.
Les enjeux de gouvernance et de transparence
L’affaire Eto’o met en lumière la fragilité des mécanismes de contrôle et de transparence au sein des fédérations sportives africaines. Elle relance le débat sur la nécessité d’une gestion collégiale, d’un audit indépendant et d’une communication proactive pour restaurer la confiance des acteurs et du public. Les instances internationales, comme la FIFA et la CAF, sont appelées à renforcer les exigences de bonne gouvernance et à accompagner les fédérations dans la mise en place de procédures transparentes.
Conclusion
Entre accusations de détournement, justifications conjoncturelles et silence institutionnel, l’affaire Samuel Eto’o révèle les défis persistants de la gouvernance sportive en Afrique. Elle rappelle qu’au-delà des talents et des ambitions, la crédibilité du football africain passe par l’exemplarité, la transparence et la capacité à répondre aux crises avec rigueur et responsabilité.