Sahara occidental : Le Royaume-Uni reconnaît la souveraineté du Maroc, nouveau tournant géopolitique ?

Introduction

Le 2 juin 2025, le Royaume-Uni a officiellement reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, un geste diplomatique fort qui bouleverse les équilibres régionaux et relance le débat sur l’avenir de ce territoire disputé. Cette décision, saluée par Rabat et critiquée par le Front Polisario, intervient dans un contexte de tensions croissantes au Maghreb et de repositionnement stratégique des puissances occidentales en Afrique du Nord.

Une reconnaissance qui change la donne

Jusqu’ici, la plupart des pays européens, à l’exception notable de l’Espagne, avaient adopté une position de neutralité prudente sur la question du Sahara occidental, territoire classé comme « non autonome » par l’ONU depuis 1963. En décidant de reconnaître la souveraineté marocaine, le Royaume-Uni rompt avec cette tradition et s’aligne sur la position américaine, adoptée en 2020 sous la présidence Trump.

Le ministre britannique des Affaires étrangères a justifié cette décision par « la nécessité de soutenir la stabilité régionale et de favoriser le développement économique du Maghreb ». À Rabat, l’annonce a été accueillie par des manifestations de joie et des déclarations triomphales du gouvernement, qui y voit une victoire diplomatique majeure.

Réactions et conséquences immédiates

Le Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par l’Algérie, a dénoncé « une trahison du droit international » et appelé l’ONU à réagir. Alger, de son côté, a convoqué l’ambassadeur britannique pour protester contre ce qu’elle considère comme « une atteinte grave au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».

Au sein de l’Union européenne, la décision britannique suscite l’embarras. Plusieurs chancelleries, dont Paris et Berlin, ont rappelé leur attachement aux résolutions de l’ONU et à la recherche d’une solution politique négociée. Mais certains analystes estiment que ce geste pourrait ouvrir la voie à d’autres reconnaissances, notamment de la part de pays africains et du Golfe.

Les enjeux économiques et sécuritaires

La reconnaissance britannique intervient alors que le Maroc multiplie les investissements dans le Sahara occidental, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, de la pêche et du tourisme. Londres espère ainsi renforcer ses liens économiques avec Rabat, dans le cadre d’une stratégie post-Brexit de diversification de ses partenariats commerciaux.

Sur le plan sécuritaire, le Royaume-Uni mise sur le Maroc comme partenaire clé dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires en Méditerranée occidentale. Cette coopération pourrait s’intensifier dans les mois à venir, au grand dam d’Alger et du Polisario.

Un processus de paix fragilisé ?

La décision britannique risque de compliquer davantage le processus de paix sous l’égide de l’ONU, déjà au point mort depuis plusieurs années. Le Front Polisario, qui contrôle une partie du territoire et bénéficie du soutien de l’Algérie, pourrait durcir sa position et relancer la lutte armée. De son côté, le Maroc se sent conforté dans sa politique de « marocanisation » du Sahara, au risque d’alimenter les tensions régionales.

Conclusion

La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par le Royaume-Uni marque un tournant dans ce dossier vieux de plusieurs décennies. Si Rabat y voit une légitimation de sa politique, le risque d’escalade régionale et d’isolement du Front Polisario reste élevé. L’avenir du Sahara occidental, plus que jamais, dépendra de la capacité des acteurs régionaux et internationaux à renouer le dialogue.

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