République centrafricaine : L’Union africaine relance les pourparlers de paix à Bangui

République centrafricaine : L’Union africaine relance les pourparlers de paix à Bangui

Après plusieurs mois de tensions armées et d’impasse politique en République centrafricaine (RCA), l’Union africaine annonce la relance des pourparlers de paix à Bangui, un processus considéré comme la dernière chance de sortie de crise avant la montée des violences en 2026. La réunion, qui réunit les représentants du gouvernement, de l’opposition politique, des groupes armés et de la société civile, est facilitée par l’envoyé spécial du président du Burundi, récemment nommé pour sa connaissance des dynamiques régionales.

Un pays à la croisée des chemins

Depuis la fin de l’accord de Khartoum en 2019, la RCA est plongée dans un cycle de violences, marqué par la lutte entre forces gouvernementales, milices locales et groupes rebelles. Les principales villes du Nord et de l’Est, comme Bambari et Bria, subissent pillages, viols, et déplacements massifs de population. Près d’un quart des 5,7 millions d’habitants est aujourd’hui déplacé, selon les chiffres de l’OCHA.

L’insécurité bloque la distribution de l’aide humanitaire et aggrave la pauvreté. Les mines de diamants de la région constituent à la fois une manne et une malédiction, alimentant les réseaux armés et le trafic, tout en privant l’État des ressources nécessaires à la relance post-conflit. Dans ce contexte, la fatigue de la population et l’épuisement de la société civile favorisent une demande croissante de solutions politiques et inclusives.

L’Union africaine en médiateur central

Pour répondre à la crise, l’Union africaine s’engage comme médiateur direct, après un long round de diplomatie préliminaire menée à Addis-Abeba, Brazzaville et N’Djamena. La nouvelle configuration donne la parole à de « nouveaux acteurs » : jeunes, femmes leaders, représentants religieux et communautaires, avec l’ambition de bâtir un processus de paix plus enraciné dans les réalités du pays.

L’objectif des pourparlers : établir un cadre durable de cessez-le-feu, accélérer le programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), et intégrer les demandes régionales, notamment la gestion inclusive des ressources naturelles et la question de la justice transitionnelle. La Mission ONU Minusca joue toujours le rôle de soutien logistique et sécuritaire, mais cède l’initiative diplomatique à l’UA pour éviter les accusations de paternalisme international.

Des attentes, mais aussi des réserves

Alors que la relance des négociations suscite l’espoir à Bangui et dans les camps de déplacés, beaucoup restent prudents. Plusieurs anciens chefs rebelles, parfois soupçonnés de crimes de guerre, participent encore aux discussions. Les organisations de défense des droits de l’homme demandent des garanties : poursuite effective des crimes, réinsertion économique des ex-combattants, et mesures contre l’impunité.

L’agenda est ambitieux : adoption rapide d’un calendrier de désarmement, mécanismes vérifiables de cessez-le-feu, et déblocage de fonds internationaux dans l’optique d’une reconstruction pourtant freinée par la défiance des bailleurs.

La paix, une urgence pour la survie nationale

Pour la majorité des Centrafricains, la priorité n’est plus la politique mais la sécurité, l’accès à la santé, à l’école, et au retour à une vie normale. Si l’Union africaine parvient à obtenir des engagements fermes – assortis d’un contrôle citoyen – la RCA pourrait éviter un nouvel engrenage destructeur.

Dans cette perspective, la voix de la société civile, la confiance des déplacés et la participation des forces locales seront déterminantes pour toute sortie de crise durable. Plus que jamais, c’est la capacité à faire dialoguer toutes les composantes du pays qui conditionnera l’avenir de la Centrafrique au cœur d’une Afrique en pleine mutation.

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